Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n’aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand nous serons libres.
Ce prix Goncourt 2016 est un roman glaçant formidablement mené.
Dès les premières pages nous connaissons le drame et la coupable, cette nounou si parfaite, trop peut-être, qui s’impose de façon insidieuse.
La nounou est comme ces silhouettes qui, au théâtre, déplacent dans le noir le décor sur la scène. Elles soulèvent un divan, poussent d’une main une colonne en carton, un pan de mur. Louise s’agite en coulisse, discrète et puissante. C’est elle qui tient les fils transparents sans lesquels la magie ne peut advenir. Elle est Vishnou, divinité nourricière, jalouse et protectrice. Elle est la louve à la mamelle de qui ils viennent boire, la source infaillible de leur bonheur familial.
On ne la regarde pas et on ne la voit pas, elle est une présence intime mais jamais familière.
La lecture nous invitera donc à observer l’évolution des différents protagonistes pour tenter de comprendre quel sera le point de bascule de la perfection à l’horreur.
Un roman tragique mais envoûtant.