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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


Paul Guimard, Rue du Havre

Publié par Parisianne sur 6 Mars 2024, 12:00pm

Catégories : #Lecture

Paul Guimard, Rue du Havre

Dans l’esprit de Julien, tout ce qui touchait Catherine devait intéresser François et inversement. Il tenait pour certain que les deux jeunes gens étaient faits l’un pour l’autre comme le vent pour la mer, la main pour la main. Des mois d’observation avaient fortifié cette conviction. Mais le train de François arrivait à huit heures quarante et une, celui de Catherine à huit heures cinquante-deux. Chaque jour, Julien voyait passer devant lui ces deux êtres complémentaires séparés par une éternité de onze minutes dont la dimension tragique le consternait. François et Catherine avaient entre eux et leur possible bonheur une série de barrières de bronze : l’esprit de ponctualité de la Société Nationale des Chemins de Fer Français […]

C'est la page Instagram d'Annabelles Combes que vous connaissez puisque nous avons déjà discuté de La Calanque de l'aviateur, que j'avais beaucoup aimé, et Baisers de collection qui m'avait davantage laissée sur ma faim. Malgré tout, c'est une auteure que je suis avec plaisir et je ne manquerai pas de lire d'autres de ses livres. Sur sa page, Annabelles Combes partage aussi ses lectures et ce titre m'a attirée. Je suis arrivée pendant des années par la Gare Saint Lazare et la rue du Havre, j'ai donc eu envie de me pencher sur ce roman très parisien mais pas que.

Ce roman, sorti en 1957, a été réédité en janvier dernier par les Editions L'Echappée, vous trouverez toutes les infos en fin de billet. Mon livre à moi, déniché comme souvent chez un bouquiniste, date de 1958.

Paul Guimard, Rue du Havre

On devient malheureux mais on naît solitaire. La solitude est une maladie dont le virus est inconnu et l'évolution irréversible.

Vous l'aurez compris, l'histoire se passe près de la Gare Saint Lazare où Julien Legris, rescapé de la Grande Guerre et de la Seconde, vend ses dixièmes (billets de loterie au profit des Gueules cassées).

Julien est seul, très seul, il s'attache donc à ces passants qui chaque jour le croisent, souvent sans même le voir. C'est ainsi qu'il repère François et Catherine, deux jeunes gens qu'il rêve de réunir mais dont les trains arrivent à 11 minutes d'intervalle, le premier déposant François qui se rend à son bureau, le second Catherine qui court vers son cours d'art dramatique.

Une partie par protagoniste pour nous les présenter chacun et la dernière pour conclure. François étant, peut-être, le moins intéressant des personnages, jeune homme un peu désabusé qui travaille dans la publicité par défaut de n'avoir pu être artiste, ne sert finalement que de faire-valoir aux deux autres. Il aura tout de même l'idée lumineuse de proposer à Lucien d'être Père Noël dans le grand magasin pour lequel il travail, offrant ainsi au vieil homme d'être au centre de tous les regards, ce qui est nouveau pour lui, mais dévastateur.

Le chapitre concernant Catherine a une résonnance très actuelle. Jeune élève d'un cour d'art dramatique, elle est choisie par un metteur en scène pour incarner le rôle titre de son prochain film. Elle devient alors un objet entre les mains de l'artiste, et un jouet entre les mains du producteur. 

Julien malgré tout tente par tous les moyens de réunir les jeunes gens.

La chute bien sûr sera terrible mais comme nous le dit la page 4 de couverture, nous avons ici un roman en "rose et noir" qui ne manque pas d'intérêt. 

Le style est très agréable, l'humour caustique et l'ensemble gentiment mené.

C'est un roman très vivant sur les hasards de la vie, les rencontres, l'art d'observer. Un joli moment de lecture.

Isolée dans un no man’s land, elle se trouvait beaucoup plus que seule, sans la ressource dernière du tête-à-tête avec soi-même. Version inédite de l’homme qui a perdu son ombre, elle avait perdu son reflet.
Dans le silence de sa chambre elle ne reconnut pas les battements de son cœur. Elle éteignit sa lampe de chevet pour tenter de voir clair dans sa nuit intérieure mais la jeunesse est l’âge de la myopie.

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M
Une "veillerie" qui a apporté un très bon moment de lecture, Essentiel, donc !
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P
Encore inconnu pour moi ! Il y en a tant ! <br /> Faut dire qu'il date aussi, celui-là !
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P
😁 oui, j’aime assez les vieilleries !
L
c'est un livre ancien , je ne sais plus si je l'ai lu ou non, un vague souvenir
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P
Il y en a tant que j’ai oubliés !
C
Merci Anne pour ce partage, j'aime la photo que tu as choisie.<br /> Belle journée, bisous<br /> Lili
Répondre
P
Merci Lili, <br /> La machine de mon grand-père me sert souvent de support pour les photos.<br /> Bises<br /> Anne

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