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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


Sylvain Tesson, Sur les Chemins noirs

Publié par Parisianne sur 8 Novembre 2019, 17:07pm

Catégories : #Lecture

Couverture Gallimard

Couverture Gallimard

Partir sur les chemins noirs signifiait ouvrir une brèche dans le rempart. N'ayant en moi ni la violence du saboteur, ni le narcissisme de l'agitateur, je préférais la fuite.

Je prends les choses dans le désordre puisque ce livre est antérieur à la Panthère des neiges dont je parlais récemment et qui fait la une de l'actualité littéraire puisque pour ce merveilleux récit Sylvain Tesson s'est vu décerner le prix Renaudot.

Si je suis curieuse des lauréats des prix littéraires, je n'irai pas lire un prix si le sujet ne m'intéresse pas. Je me suis amusée par contre à recenser les prix Goncourt dans ma bibliothèque et finalement, il y en a pas mal ! J'y reviendrai peut-être ultérieurement, ce n'est pas le sujet qui m'occupe aujourd'hui.

Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu'on lise les cartes, que l'on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse, protégée du vacarme, épargnée par l'aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.

Après un terrible accident, Sylvain Tesson depuis son lit d'hôpital se fait le serment de traverser la France à pied en guise de rééducation. C'est sur ces chemins de traverse qu'il nous entraîne ici, dans sa reconstruction tant physique que mentale en parcourant les chemins cachés, en quête de lui-même et du fantôme de sa mère disparue quelques temps auparavant. 

Cette mère absente, nous l'avons évoquée déjà dans La Panthère des neiges, elle occupe une place spéciale dans les derniers livres de Sylvain Tesson. 

 

Les chemins noirs dont je tissais la lisse avaient cette haute responsabilité de dessiner la cartographie du temps perdu. Ils avaient été abandonnés parce qu'ils étaient trop antiques. Ce n'était plus considéré comme une vertu.

Au-delà de cette reconstruction physique et personnelle, c'est un observateur averti qui nous entraîne dans ces pages. Sylvain Tesson est un voyageur, les "chemins noirs" le mèneront du Mercantour au Cotentin. Il nous offre en partage ses observations de notre pays à travers une cartographie précise et pourtant si évolutive. Comment ne pas frémir en lisant "En quarante ans le paysage se refaçonna pour que passent les voitures"...

Constats et questionnements, ceux-là même que nous sommes nombreux à faire ou avoir aujourd'hui dans une époque de grands changements.

Empruntez ces chemins sans hésiter, ils ne vous laisseront pas indifférents.

Les chemins noirs au moins avaient cette vertu : ils sinuaient entre les verrues des plans d'occupation des sols. Il fallait que les hommes fussent drôles pour s'imaginer qu'un paysage eût besoin qu'on l'aménageât. D'autres parlaient d'augmenter la réalité. Un jour peut-être s'occuperaient-ils d'éclairer le soleil ?

Sylvain Tesson, Sur les Chemins noirs
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