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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


HOPE Anne, Le Chagrin des vivants

Publié par Parisianne sur 11 Novembre 2018, 18:42pm

Catégories : #Lecture

Je vous l'avais promis, en ce jour anniversaire, retrouvons Anna Hope dans un livre d'un autre genre, l'époque est un peu plus tardive que dans le premier qui se déroulait en 1911, nous sommes là en 1920, la guerre est finie, les blessures sont encore béantes.

Le Chagrin des vivants, Wake en version originale, invite effectivement à se réveiller pour retourner à la vie. L'Histoire malheureusement nous prouvera que l'envie de vivre ne suffit pas.

Monument aux morts Bexhill-on-Sea, East Sussex

Monument aux morts Bexhill-on-Sea, East Sussex

A présent, dans cette rue froide, elle prend conscience d'une chose. Que cette rencontre était ce qu'elle attendait, que quelqu'un partage sa vérité avec elle. Après quatre ans de guerre et encore deux ans d'anciens soldats, jour après jour, c'est ça qu'elle voulait, c'est ça qu'elle recherchait. La vérité de quelqu'un. Pas sa gaieté, ni sa bravoure, ni sa colère, ni ses mensonges. Et en quatre ans de guerre et deux ans de contrecoup, personne – ni Fraser ni son frère -, personne n'avait partagé sa vérité avec elle.

Sur quelques jours, du dimanche 7 novembre au jeudi 11 novembre 1920, Anna Hope nous invite à suivre trois femmes, chacune meurtrie par la guerre à  l'heure où la nation s'apprête à rendre hommage aux soldats morts au front en célébrant le Soldat inconnu.

Alternant entre le récit de la recherche d'un corps dans le Nord de la France jusqu'à l'arrivée du Soldat inconnu à Londres, et le quotidien des vivants, l'auteur dresse le tableau d'une époque autant que celui de ces femmes restées au pays et pourtant si profondément marquées par la douleur et le silence de leurs hommes.

Comment ose-t-il ? Comme si elle avait un problème, comme si elle était malade, et c'est pour ça qu'elle a osé le questionner, questionner n'importe lequel d'entre eux. Comme si tout ça, toute cette satanée guerre, n'était rien d'autre qu'un club de gentlemen élargi.

Ada dont le fils a été tué dans la Somme et qui, devant l'absence d'explications, ne se résout pas à le croire mort, le voit partout. Evelyn a perdu son fiancé, et son frère pourtant bien vivant n'est plus le même derrière son allure indifférente, elle cherche désespérément à se tuer à  différentes tâches sans parvenir à vivre. Enfin, Hettie  gagne sa vie en dansant chaque soir avec d'anciens soldats pour subvenir aux besoins de sa mère et de son frère rentré absent.

Chacune de ses femmes vit son propre calvaire. Elles n'ont certes pas été au front mais chacune à sa manière est blessée et peine à reprendre le fil de sa vie. Quelques figures au milieu de milliers d'autres, meurtries à jamais.

Sur le drapeau, Ada discerne le casque cabossé d'un soldat. C'est le même casque que portait Michael. Pendant une seconde stupéfiante, elle croit que c'est le sien, que c'est le casque qui était accroché autour du cou de son fils […] ; et le temps de cette seconde, elle est persuadée que le corps dans le cercueil est le sien. Soudain les sanglots d'une femme retentissent, pénétrants, incontrôlables. […]. Puis un autre sanglot, et encore un autre […]. Et c'est alors qu'elle comprend. Ils portaient tous le même casque. Tous les maris, frères et fils de ces femmes.

 

Anna Hope, avec beaucoup de délicatesse, nous fait vivre ces quelques jours pleins de tension pour nous conduire vers un nouveau souffle. Avec talent elle laisse deviner les liens  plus ou moins ténus entre les différents protagonistes.

Bien sûr, le sujet est grave mais la lecture de ce roman nous présente la Grande Guerre dans le regard des femmes britaniques. Si Ann Perry et d'autres s'y sont déjà employées, Anna Hope joint sa plume avec talent dans ce premier roman très bien construit. J'ai été particulièrement sensible à sa façon de glisser entre les pages des indices permettant de rapprocher les histoires.

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Q
Décidément, j'ai du retard de lecture chez toi.<br /> Je n'ai pas lu ce livre.<br /> Je le note pour quand ma PAL aura un peu diminué. :)
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P
Tu peux commencer ta lettre au Père Noël ;)

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