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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


La confrérie des moines volants, Metin Arditi

Publié par Parisianne sur 30 Octobre 2013, 21:18pm

Catégories : #Livres "dits"

 

Dans la série des livres lus à voix haute, celui-ci nous a particulièrement intéressées. Avant tout, il est de lecture aisée et vivante puis, le récit inspiré d'une histoire vraie est intéressant. Nous sommes, par ce livre, reparties en Russie, ce qui n'était pas non plus pour nous déplaire.

 Juillet 1937, Nikodime Kirilenko, ermite de Saint-Eustache voit arriver des novives, terrorisés. Les membres du NKVD tuent, pillent ou brûlent les églises, monastères et autres lieux de culte. Le nombre de victimes est terrifiant. De semaines en semaines, d'autres moines, arrivent tous rescapés de ces purges. Une petite communauté s'organise autour de Nikodime.

Les moines s'installent dans une vie facile qui ne plaît guère à l'ermite, lui-même en proie aux tourments de la chair. Afin d'expier ses fautes et celles de ses compagnons, Nikodime fonde la Confrérie des moines volants pour soustraire autant d'oeuvres que possibles aux massacres. Ainsi, les moines s'emploient-ils à dérober tout ce qu'ils peuvent dans les églises alentours pour soustraire les oeuvres aux barbares du régime. Un véritable trésor est ainsi entassé. Mais bientôt les voleurs sont recherchés. Nikodime disperse la communauté et cache seul les merveilles réunies. Il se livre ensuite à la police, avoue le nom d'un complice tué dans une dernière opération pour préserver les autres moines. Son secret, ainsi que les statuts de la confrérie signés de tous sont écrits dans un carnet qu'il a confié à Irina, à qui il n'a pas su résister.

Mai 2000. Mathias Marceau est encensé pour sa dernière exposition de photographies de mode mais semble absent et indifférent à l'agitation qui l'entoure. Un appel de son épouse le fait basculer. Son père vient de mourir. C'est alors qu'il découvre à sa grande stupeur ses origines russes et ce grand-père moine. Il part en Russie pour faire le jour sur cette Confrérie dont il ignore tout et comprendre l'histoire de sa famille.

Sa volonté et la complicité de Polia vont lui permettre de faire ressurgir un magnifique trésor qui finira exposé à l'Ermitage.

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Deux époques sont donc évoquées dans ce livre, deux époques différentes et pourtant riches de héros autant que de bourreaux. Personnages hauts en couleurs, religieux avec leurs faiblesses, hommes avec leurs secrets jalonnent ce récit qui nous tient de bout en bout. L'histoire de Nikodime (élevé au rang de martyre par le Saint Synode de l'Eglise russe en avril 2002) et sa volonté de sauver des chefs d'oeuvre nous guide pour une traversé de l'histoire de la Russie des purges staliniennes à nos jours mais toujours dans l'esprit slave, excessif jusqu'à la violence parfois.

Un très beau livre.

 

" Vous savez, reprit Polia, il m'arrive souvent d'aller à l'Ermitage voir une toile. Une seule. Par crainte de brouiller mon émotion, je ne m'arrête devant aucune autre. Je monte au salon Rembrandt et selon ma tristesse, je reste devant la toile un quart d'heure ou une heure. Elle représente une jeune femme nue, couchée sur son côté gauche. C'est Danaé. Un angelot l'arrose d'une pluie d'or, et selon la légende, c'est Zeux qui a trouvé cette ruse pour l'ensemencer. Presque toute la surface de la toile est sombre. Mais cette lumière qui illumine le corps de la femme au milieu de l'obscurité, c'est l'histoire de la Russie. Nous cherchons le drame à tout prix, pour le plaisir de la consolation. Nous voulons connaître cet aigu, quel qu'en soit le coût. Ecoutez la suite. Il y a de cela quinze ans, un fou arrose la toile d'acide sulfurique avant de la lacérer. Après une longue restauration, elle est à nouveau accrochée au musée. Ses stigmates sont visibles. Comme les nôtres. Cette toile blessée incarne tout ce qui fait notre âme. La noirceur dans laquelle nous courons comme des damnés, l'enfermement, qui est notre seconde nature, la ruse, aussi, sans laquelle nous ne pourrions pas vivre, les blessures insupportables que nous nous infligeons, et pour finir une sorte de résurrection, qui nous laisse hébétés mais vivants au milieu des morts et des gravats. "

Cathédrale Alexandre Nevski, Paris

Cathédrale Alexandre Nevski, Paris

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P
Bonsoir Parisianne,<br /> Pour moi, le dernier paragraphe est la définition parfaite de l'amour.<br /> Le conteur est attiré par la lumière de ce tableau et ne voit pas tous les autres qui sont certainement aussi beaux. Les blessures de la vie, les stigmates de la vieillesse, on ne les remarque presque pas car chaque jour est un nouveau bonheur.<br /> Je me suis peut être totalement égaré, mais c'est ce que j'ai ressenti.<br /> Bonne soirée et bon week-end
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V
il a l'air passionnant ce livre! gros bisous Anne. cathy
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M
Une histoire incroyable Anne !<br /> Ils sont vraiment excessifs ces slaves décidément !<br /> Bonne journée
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