En parallèle de l'exposition Berthe Morisot, dont nous parlerons plus tard, le musée d'Orsay invite les curieux à parcourir les salles du musées dans lesquelles sont mises en avant un certain nombre d’œuvres d'artistes femmes, le titre de ce parcours Femmes, art et pouvoir, titre emprunté à un recueil de textes de l'historienne Linda Nochlin. Je vous invite en suivant le lien à aller lire ce qu'en disent Laurence des Cars, présidente des musées d'Orsay et de l'Orangerie, et les responsables des collections ayant travaillé sur ce parcours très agréable.
Le musée d'Orsay dont on sait que les collections couvrent la période 1848-1914 souffre, comme de nombreux musées, du manque de visibilité des femmes artistes, elles n'ont à cette époque pas grande liberté d'expression, ce n'est pas une nouveauté, et les collections ici représentées sont pour beaucoup des œuvres acquises par l'Etat. Cela voudrait-il dire que l'administration des Beaux Arts à la fin du XIXe ne s'intéresse pas aux femmes ? Quelle étrange idée !
Il ne faut pas faire une généralité cependant, regardez ce tableau de 1849 dit Labourage nivernais ou Le Sombrage de Rosa Bonheur, il est une commande officielle faite à l'artiste à l'issue du Salon de 1848. Le cartouche nous dit " Le tableau connaît un immense succès au Salon de 1849 et ne manque pas d'être rapproché des écrits d'une autre femme..." de qui parle t-on ? je vous laisse deviner, la réponse sera en fin de cet article.
J'ai trouvé intéressante cette idée de parcours qui nous incite donc à nous arrêter sur certaines œuvres, que je ne détaillerai pas, mais dont je vais vous montrer quelques images, en plusieurs fois, vous laissant le soin d'aller à Orsay pour ceux qui en ont la possibilité, ou de flâner sur le site du musée.
Si les "jeunes filles de bonne famille" suivent souvent une formation artistique, rares sont celles qui exercent leur art comme un métier. Elles sont la plupart du temps invitées à exercer leur talents dans des techniques dites mineures, aquarelle, dessin, pastel. Le pastel sera mis en avant plus tardivement, vers 1880, Edgar Degas l'utilisera souvent mais aussi bien sûr Berthe Morisot ou Marie Cassatt.
Regard d’homme sur femme de tête !
Ci-dessous, deux portraits peints par Edouard Vuillard, Jeanne Lanvin à sa table de travail, et sa fille, la Comtesse de Polignac, grande mécène qui réunit dans son salon Nadia Boulanger ou Louise de Vilmorin.
La réponse à la question concernant le tableau de Rosa Bonheur est George Sand bien sûr, voici ce que nous dit précisément le cartouche :
"Le tableau connaît un immense succès au Salon de 1849 et ne manque pas d'être rapproché des écrits d'une autre femme, George Sand, qui évoquait dans son roman La Mare au diable (1846), le labourage comme un sujet digne d'être peint".
Un jour viendra où le laboureur pourra être aussi un artiste, sinon pour exprimer, du moins pour sentir le beau