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Les musardises de Parisianne

Les Mots dans les yeux

22 Février 2023, 18:00pm

Publié par Parisianne

©Yves Lacoutière

©Yves Lacoutière

J’aime ce bistrot mais pas ses maux,
Ceux cramponnés au comptoir,
Comme harponnés par leur p’tit noir.

J’aime ce bistrot mais pas les mots
De ceux qui s’noient dès le matin
Au tréfonds de leur verre de vin

J’aime ce bistrot, même pas beau
Mais plus douillet que l’macadam…
A vot’bon cœur M’Sieurs Dames…

©Anne Lurois-Delassise

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Les Mots dans les yeux

15 Février 2023, 18:00pm

Publié par Parisianne

Yves Lacoutière

Yves Lacoutière

Tout gommer, effacer les heures sombres et réécrire les jours, 
Mettre du blanc au soir, du bleu au ciel, du feu au froid.
Tout gommer le temps d’une saison mais très vite oublier les heures ternes, et les nuits sans issues.
Et frissonner de l’espoir des renaissances à venir dans les brefs rayons des premières lumières du printemps, chaleur d’un instant, annonciatrices de beaux jours à venir.
Anne Lurois-Delassise

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Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet

14 Février 2023, 10:00am

Publié par Parisianne

Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet

Depuis quelques temps déjà, le musée Marmottan invite des artistes contemporains à dialoguer avec les œuvres de ses collections. Je ne dis pas que je suis toujours sous le charme mais là, j'ai beaucoup aimé la délicatesse des dessins et l'originalité de l'artiste qui s'appuie sur deux tableaux de Claude Monet : Le Pont de l'Europe, Gare Saint Lazare (1877) et Champs d'iris jaunes à Giverny (1887).

 

Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet

Son travail sur des bandes de 7,5 x 101 cm nous montre un ensemble de gouaches qui représentent des scènes que l'on ne peut voir que si l'on s'approche. J'ai beaucoup aimé l'idée d'un paysage qui défile comme dans un train et que l'artiste nomme Le Pays sans fin.

L'effet est tout à fait saisissant, et les différents fragments laissent imaginer de multiples scènes et paysages, détails ou vues d'ensemble.

Je vous montre quelques photos et vous invite à écouter Marc-Antoine Fehr parler lui-même de son travail dans le lien ci-dessous. Une véritable découverte.

Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet
Marc-Antoine Fehr au musée Marmottan dialogue avec Claude Monet

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Petit papotage entre amis : mémoire et livres

12 Février 2023, 21:17pm

Publié par Parisianne

Petit papotage entre amis : mémoire et livres

Quand la mémoire se fait vagabonde, il y a parfois des choses auxquelles se rattacher. 

Vous savez que je travaille avec de grands seniors en état de fragilité, certains victimes de maux de la tête, qui ne réagit plus comme elle devrait. Ce sont souvent des rencontres délicates, je me fais l'impression d'être un funambule qui avance à pas prudents sur son fil tendu entre l'instant et la réalité.

Parce que l'instant est souvent très beau, alors que la réalité est des plus difficile pour les aidants au quotidien, et qu'il faut non seulement répondre présent pour celui que l'on accompagne mais également savoir entendre ceux qui vivent à leurs côtés et pour qui chaque jour est une épreuve. 

J'ai la chance de travailler depuis quelques mois avec un monsieur atteint d'Alzheimer, un médecin réanimateur anglo-français parti dans un monde qui nous échappe et pourtant très présent à certaines choses. Passionnés de littérature et de poésie, nous avons immédiatement trouvé un terrain d'entente grâce aux textes, et nous partageons de très beaux échanges entre lectures de poèmes, écriture un peu parfois, recherches diverses sur la mythologie, bavardage littéraire, tout cela en fonction des jours parce que dans la maladie chaque jour est différent. Il nous arrive de faire de petits quizz que j'adapte à ses absences, et bien sûr je suis très attentive à ne pas le mettre en difficultés.

Cette maladie est terriblement déroutante, il faut bien l'avouer. J'ai toujours un peu peur qu'il ne me reconnaisse pas, ou ne veuille pas de ma présence, ce n'est jamais exclu. Mais voilà, quand j'arrive, s'il se repose et que quelqu'un va le chercher dans sa chambre en lui disant "Anne est là", je l'entends invariablement répondre qu'il ne connaît personne répondant à ce prénom et qu'il n'a pas de rendez-vous prévu. Mais si je souffle, "Anne est là pour parler littérature", alors je le vois arriver avec un empressement qui me fait chaud au cœur.

Mieux encore, son épouse qui aimerait qu'il sorte un peu me demandait dernièrement si nous pouvions démarrer par une petite promenade. La réponse a été aussi ferme que spontanée en m’invitant de la main à rejoindre le salon où nous avons l’habitude de nous tenir : 

" Pas question, mon amie est là pour que nous travaillions en littérature, c'est la seule chose qui m'intéresse, je n'ai pas de temps pour autre chose. "

Je suis donc totalement associée à la littérature, et je m'arrange pour apporter chaque semaine de nouveaux textes, poèmes ou extraits de théâtre, que je l'incite à me lire à voix haute, pour animer nos séances joyeuses qui se terminent invariablement par "je suis très heureux, j'espère que vous reviendrez vite".

Il n'y a pas plus grande satisfaction pour moi que de savoir que pendant mon temps de présence au moins, tous les maux restent à distance. 

Vous vous souvenez de la Lune verte ? J'ai tenté de le faire écrire, et ça a marché, je vous livre ci-dessous les mots attrapés au fil de la parole. Un poème douloureux énoncé spontanément en réponse à ma sollicitation avec la photo et  : La lune est verte ce soir !

Je vous laisse imaginer mon émotion.

 

La lune est verte hélas,

C’est son nouveau manteau,

Elle annonce le malheur plutôt que la gaité,

La lune au loin, trahit nos pensées

Elle n’existe que pour cela

 

La lune est verte ce soir,

C’est là qu’est mon malheur

Mon âme couleur de lune

Ne sait...

 

La lune est verte ce soir,

Les larmes couvrent ses yeux,

Elle cherche à cacher ses mystères

Mais hélas, elle ne peut !

La lune a perdu son pouvoir,

Elle va se dissiper,

 
Clin d'oeil à Emma Messana

Clin d'oeil à Emma Messana

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Les Mots dans les yeux

8 Février 2023, 18:00pm

Publié par Parisianne

Yves Lacoutière

Yves Lacoutière

Un parfum de poussière, d’encre et de vieux papiers, un effluve de cire échappé des parures de cuir, une futaie bruissante d’histoires racontées, pousser la porte et pénétrer un monde. 

J’entre comme une enfant dans une forêt merveilleuse pour en sortir grandie, riche de mots, d’idées et de rêves. 

Je suis, tous les sens en éveil, le chemin qui me mènera vers le sage des lieux plongé dans un ouvrage comme un mage dans son grimoire. 

Lorsqu’enfin il lève les yeux vers moi, ce sont des tempêtes que je lis sur ses lunettes embuées, des voyages dans son regard lointain, des amours tumultueuses à la moue de ses lèvres.

Il me sourit alors et la lumière se fait.

Il ne faut qu’une page pour vivre mille vies.

Il ne faut qu'un livre pour trouver un refuge.

 

Anne Lurois-Delassise

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Le Pilon, Paul Desalmand

6 Février 2023, 10:00am

Publié par Parisianne

Le Pilon, Paul Desalmand

Voilà encore une découverte, je la dois cette fois à Jérôme Callais, bouquiniste du quai de Conti à Paris et président de l'association culturelle des bouquinistes de Paris. Fidèle des quais et des bouquinistes, nous avons souvent avec Jérôme et quelques autres des échanges riches et variés tournant bien sûr autour des livres ! Vous n'êtes pas surpris ? Mince alors, moi qui croyais vous dévoiler un scoop !

Trêve de plaisanterie, Jérôme à parlé récemment en tant que libraire dans la Grande Librairie, d'un livre dont je n'avais jamais entendu le nom de l'auteur. Sauf que ce livre, on ne le trouvait pas ! Rassurez-vous, il a été réédité chez Quidam Editeur. Mais en passant sur les quais dernièrement, je me suis arrêtée aux boîtes de Jérôme et en suis repartie Le pilon sous le bras !

Quoiqu'il puisse m'arriver, j'estime ma vie réussie parce que j'ai été lu.

Vous pourriez croire avec cette première citation que c'est un auteur qui parle, et bien non, c'est le livre lui-même.

Ce livre est l'histoire d'un livre racontée par un livre ! Vous suivez ? L'idée est très originale, le sujet très riche. Quel chemin le livre que vous tenez aujourd'hui en main a t-il parcouru avant de vous rejoindre ? Depuis sa sortie de l'imprimerie jusqu'à sa fin, qu'il soit oublié sur une étagère, passé au pilon ou détruit d'une autre manière, quel peut bien être la vie d'un livre ?

Avant d'évoquer ce parcours du livre, parlons rapidement de ce pilon qui est la terreur des ouvrages, l'ogre mangeur de livres. Vous avez peut-être lu le Liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent qui évoquait déjà ce monstre effroyable. 

La définition du Syndicat national de l'édition est la suivante :

"Le pilon est la destruction totale ou partielle, des exemplaires d’un ouvrage. Il est réalisé à la demande de l’éditeur et assorti d’un certificat" Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire la fiche complète en suivant le lien ici. Il suffit de charger la page, c'est très simple et très clair.

Vous comprenez donc que ce pilon puisse être terrifiant ! Et c'est lui qui plane sur tout le livre qui nous occupe.

Qui mieux que le livre, peut établir de tels liens entre les hommes, entre les continents ? Et puis, pour rompre avec la sinistrose ambiante, ne serait-il pas bon de dire un peu plus ce rôle de l'écrivain, du livre, qui est tout simplement, d'apporter du bonheur ?

Et bien c'est exactement le cas de ce Pilon de Paul Desalmand, il apporte le bonheur !

Par ses observations - petits travers des acheteurs qui parcourent le premier livre de la pile et prennent celui du dessous par ce que le premier aura été manipulé par trop de mains,  petites manies des lecteurs qui blessent le livre en cornant une page, cassent le dos pour un confort de lecture, arrachent une page (sacrilège !) ou écrivent, soulignent, prennent des notes, etc. - l'auteur nous fait sourire parce qu'il faut le reconnaître, on se retrouve vraiment dans ses lignes. 

Le rêve : quand le ou la libraire fait notre éloge, introduit de l'humanité dans le commerce. Le livre n'est pas un produit comme un autre, on l'a dit et répété, mais la librairie non plus n'est pas un commerce comme un autre, du moins celle digne de ce nom.

Les librairies et les libraires sont bien sûr très présents dans ce récit de la vie d'un livre, comment pourrait-il en être autrement ! Leur rôle est primordial dans le conseil, l'accueil, le partage. Les bibliothécaires ne sont pas en reste, rassurez-vous !

Et les lecteurs ! Ces êtres passionnés, souvent passionnants qui se plongent dans des univers réels ou imaginés pour s'extraire au monde.

Quand il lit, de préférence des romans, il a le sentiment que des caractères alignés sortent d'innombrables petites mains, des petits bras, qui viennent l'agripper pour l'extraire du quotidien et l'absorber dans les problèmes de ses personnages au point de lui faire complètement oublier les siens.
[...]
Il ne vit pas seulement au milieu d'un amoncellement de livres parmi lesquels il s'y retrouve parfaitement, je ne sais trop comment. Il est habité par des milliers de livres qui, au fil des ans, sont venus se ranger dans son cerveau. Il ne lit pas les livres, il les vit.

Alors voilà, tout lecteur, tout amateur de livre se retrouvera dans ces pages, tendres, drôles, cruelles parfois, mais au-delà de cet aspect, l'originalité que j'évoquais au début, vient bien de ce que c'est ici un livre qui parle à la première personne. Sans qu'il soit fait mention de son titre, ni de son auteur, à nous peut-être de l'associer à un de nos ouvrages, le livre raconte, se raconte non par son contenu mais par ses expériences, les mains qui l'ont tenu, les yeux qui l'ont lu, les étagères qui l'ont abrité en lui offrant de côtoyer ses "frères de papier". 

Avez-vous seulement déjà imaginé que lorsque vous êtes absent, vos livres puissent se parler, confier leur histoire, les anecdotes qui ont fait leur parcours avant de les mener à vous. J'aimerais beaucoup les entendre puisque beaucoup de mes livres viennent de bouquinistes, et ont eu donc une vie avant de partager la mienne !

Je pourrais vous en dire encore et encore mais il me faut surtout vous conseiller ce livre drôle et très vivant, à mettre entre les mains de tous les amoureux des livres ! Et pour ma part, je ne peux que remercier Jérôme Callais de m’avoir menée vers ce titre.

Je n'écris pas un roman mais seulement un témoignage sur les principaux événements de ma vie.

Une maison sans livres est une âme morte.

Et là, il faut que je vous raconte une petite anecdote. Il y a quelques années, nous fêtions l'anniversaire d'un ami, qui célébrait avec un autre de ses amis chez qui nous étions reçus dans un appartement très moderne, au mobilier très dépouillé et pour tout dire très froid dans lequel [et pourtant j'aime le moderne] je ne me sentais pas à l'aise. Et j'ai brutalement compris pourquoi. Il y avait bien des étagères avec quelques objets très élégants, des tableaux très abstraits mais il n'y avait pas l'ombre d'un livre. Absolument pas une étagère pour un livre dans la pièce principale ni ailleurs... impensable  ! 

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Clara lit Proust, Stéphane Carlier

4 Février 2023, 10:00am

Publié par Parisianne

Clara lit Proust, Stéphane Carlier

Coup de cœur ! Encore me direz-vous ! Oui, oui, j'ai un grand cœur !

Vous ne pouvez pas ne pas avoir remarqué dans la presse écrite ou télévisuelle qu'il est très à la mode de parler de Proust et de la Recherche du temps perdu avec une véritable intention de montrer que c'est un texte accessible au plus grand nombre. Il faut dire que 2022 s'y prêtait puisque nous célébrions le centenaire de sa disparition. Il y a donc eu une très belle exposition au musée Carnavalet, une autre à la Bnf, des pièces de théâtres, et bien sûr des livres.

Je ne suis pas proustienne, et si je savoure son esprit, sa phrase, et sa manière, il m'arrive de trouver le temps long à sa lecture... oui, oui, je n'ai pas peur de le dire ! 

Il est assez amusant d'ailleurs de voir parfois la surprise et l'ironie si vous avez un petit Proust en main et que l'on vous demande d'un air un peu suspicieux "tu lis Proust ?"... Oui, ça m'arrive, effectivement ! Je n'ai d'ailleurs pas encore tout lu, je me laisse pour cela quelques années, il y a des moments plus propices que d'autres à ce genre de lecture.

Mais si nous analysons les choses : dans les cercles littéraires, que je fréquente un peu, vous l'aurez deviné, ne pas avoir lu l'intégralité de la Recherche est un tantinet scandaleux, et ailleurs, lire Proust est un tantinet snob !

Vous notez la différence dans les appellations, les familiers parlent de la Recherche, les réfractaires de Proust. C'est un signe, je suis certaine que vous l'avez déjà remarqué !

Un peu de sérieux, Anne voyons ! Effectivement par ce que ce qui est important dans mon propos du jour, c'est qu'il n'est ni besoin d'aimer Proust, ni nécessaire d'avoir lu la Recherche pour apprécier ce petit livre de Stéphane Carlier Clara lit Proust.

Le rythme qu'il impose est ce qu'elle apprécie le plus chez lui. Il oblige à une lenteur mais aussi à une vigilance, c'est très particulier. Combien de fois, pendant sa lecture, son esprit a quitté les mots pour se lancer dans une liste de courses ou lui rappeler une conversation qu'elle avait eue dans la journée au salon. Lenteur et vigilance, détente et concentration. Proust, c'est son yoga.

L'histoire est très simple. Clara est coiffeuse dans un petit salon excentré d'une petite ville de Saône-et-Loire. Elle vit sa petite vie tranquille et sans passion, entre son petit ami beau comme un prince et son activité monotone, jusqu'au jour ou un grand et beau client fort élégant oublie un livre. Vous l'aurez deviné, ce livre c'est Proust bien sûr. Et il va changer la vie de Clara qui va progressivement sortir de sa chrysalide et s’en trouver grandie.

Vous avez vu l’effet là, plein de « petit » pour grandir… Décidément, j’ai l’humeur taquine aujourd’hui, ne m’en veuillez pas !

Bien le lire c'est aussi ne pas hésiter à sauter des passages. Ce sont quelquefois cinq pages qu'elle survole avant de reprendre sa lecture au début d'un nouveau chapitre. Sur les quatre mille pages au total de la Recherche, il y a de la marge. Elle le fait sans état d'âme, certaine que même Marcel, s'il se relisait aujourd'hui, se trouverait trop long par moments.

Au-delà du fait que Clara lise Proust, ce que j'ai aimé dans ce roman à la lecture très facile, c'est que Clara lise Proust à voix haute. Cela peut paraître surprenant, mais j'ai trouvé ça très beau, terriblement touchant. J'ai beaucoup aimé les passages où il est question de sa préparation, de ses annotations dans le texte pour, lors de sa lecture, "n'être qu'aux mots". 
Bien sûr, ceux qui me connaissent savent mon rapport particulier à la lecture à voix haute, j’en ai parlé il n’y a pas si longtemps dans Lignes d’horizons.

C'est une belle manière d'entrer dans la langue de Proust que de l'écouter. Je vous confie une petite anecdote, l'an dernier, j'ai entraîné Gilles au théâtre pour un seul en scène, une traversée de la Recherche du temps perdu par David Legras, c'était juste magique ! Et même Gilles a apprécié, bien qu'il ait commencé par râler un peu... il est assez coutumier de mes fantaisies, mais il a la gentillesse de me suivre !  Donc si vous avez l'occasion, n'hésitez pas à aller écouter Proust.

Le secret, c'est la lenteur. Elle permet de limiter les risques de bafouillement, de basculement en lecture automatique et, surtout, autorise la personne qui écoute à goûter toute la saveur du texte.

Voici donc un livre à mettre entre toutes les mains parce qu'en plus de nous offrir quelques belles citations de ce grand auteur du XXe siècle que je ne nommerai plus, son nom doit apparaitre au moins dix fois dans les lignes qui précèdent, c'est une ode à la vie, à la confiance en soi, à l'amitié sans préjugés. Et ça fait beaucoup de bien. 

Et pour finir, je lui laisse le mot de la fin, à qui ? A Marcel bien sûr !

"Il en est ainsi pour tous les grands écrivains, la beauté de leurs phrases est imprévisible, comme est celle d'une femme qu'on ne connaît pas encore ; elle est création puisqu'elle s'applique à un objet extérieur auquel ils pensent - et non à soi - et qu'ils n'ont pas encore exprimé."

Marcel Proust, A l'Ombre des jeunes filles en fleurs

Stéphane Carlier, Clara lit Proust. Gallimard collection Blanche

Le temps passé à lire Proust, c'est du temps gagné, volé par l'intelligence et non à elle.

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Les Mots dans les yeux

1 Février 2023, 18:00pm

Publié par Parisianne

©Yves Lacoutière

©Yves Lacoutière

- Pourquoi murmures-tu ?

- Pour ne pas dissiper les chants et les voix des enfants qui hier encore dévalaient l’escalier.

- Pourquoi chuchotes-tu ? Je suis seul à t’écouter !

- Pour ancrer dans nos vides le souvenir des rires.

- Mais que susurres-tu que les murs ne peuvent pas renvoyer en écho ?

- Ma douleur de l’absence.
 Mais toi, que fais-tu avec tant de patience ?

- Un pipeau de sureau pour les prochains petits qui viendront bien un jour réveiller nos silences !

©Anne Lurois-Delassise

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