Une année en livres 3 : voyage au Pays du soleil levant !
Un goût prononcé pour les auteurs japonais, ça se remarque tout de suite dans ma bibliothèque où une étagère, trop petite, leur est consacrée et que quelques autres se sont glissés au gré des éditions dans d'autres rayons.
Quatre auteurs, quatre univers
Toshikazu Kawaguchi, Tant que le café est encore chaud,
Kazuo Ishiguro, Klara et le soleil,
Mitsuyo Kakuta, La maison dans l'arbre.
Hiraide Takashi, Le Chat qui venait du ciel
Sous l'effet de l'attraction terrestre, l'eau coule de haut en bas. Nos âmes exercent une force d'attraction, elles aussi. Face à quelqu'un qu'on estime et en qui on a confiance, on ne peut pas mentir. On ne peut pas s'empêcher de se montrer sous son vrai jour. En particulier dans les moments où on essaye de cacher sa tristesse ou ses faiblesses.
Toshikazu Kawaguchi, Tant que le café est encore chaud est un roman qui flirte avec le fantastique. L'auteur nous entraîne dans un café un peu à l'écart de l'agitation de la ville et dans lequel se retrouvent beaucoup d'habitués mais aussi des égarés de passage, en recherche d'un passé à faire renaître. Les conditions à remplir pour y parvenir sont nombreuses et très strictes, la première étant que la rencontre dans le passé n'aura en aucun cas d'impact sur le présent, la seconde condition vous l'aurez deviné, est la nécessité d'être "rentré" tant que le café est encore chaud. On croise donc ici des personnages en souffrance qui éprouvent le besoin de dire ou d'entendre un proche disparu ou souffrant de troubles de la mémoire par exemple, tout en sachant que cette rencontre ne pourra pas faire changer le cours des choses.
Un thème un peu déroutant donc, mais une lecture agréable.
Nous sommes tous les deux des êtres sensibles. Nous ne pouvons pas nous en empêcher. Notre génération reste attachée aux sentiments d'avant. Une partie de nous-même refuse de lâcher. C'est la partie qui s'obstine à croire qu'il y a quelque chose d'inatteignable au fond de chacun d'entre nous. Quelque chose d'unique, qu'il est impossible de transférer.
Kazuo Ishiguro, Klara et le soleil, nous allons cette fois dans le futur avec unroman qui m'a un peu dérangée par son côté science fiction que l'on touche du bout des doigts mais que l'on voit parfois arriver à grands pas.
Il y a beaucoup de poésie malgré tout et Klara, bien qu'elle soit un humanoïde, autrement appelée AA Amie Artificielle, exprime des sentiments qui la rendent attachante.
C'est cette dualité entre le possible et l'impossible qui rend ce roman aussi intéressant que dérangeant.
Yoshitsugu, dans sa tête embrumée de sommeil, se disait que fonder une famille ne donnait pas forcément de racines, et cette idée le fit tressaillir. Et alors, c'était quoi ? C'était l'espoir. La réponse lui était venue instantanément. Mais oui, c'était cela l'espoir.
Mitsuyo Kakuta, La maison dans l'arbre. Ce superbe roman est le plus intéressant du point de vue de l'histoire du Japon. Il est ici question de la découverte par un jeune garçon de l'histoire de sa famille, ces japonais partis en Manchourie pour réaliser "L'Harmonie au sein de la Grande Asie", et rentrés comme des parias avec une famille fondée presque malgré eux.
C'est un roman qui nous dit beaucoup sur la perte des racines, les vies parallèles au sein d'une même famille.
Globalement très sombre, parce qu'il faut bien le dire, à aucun moment on ne voit de lueur d'espoir, mais une belle étude de caractères et surtout une découverte d'un pan d'Histoire que pour ma part j'ignorais.
Yasuda lui avait appris que les relations humaines s'instauraient dans le dialogue, le rire, la plaisanterie, et pas seulement dans les ordres et les coups.
A me trouver plongé dans une atmosphère vidée de toute vie, où les objets quotidiens avaient presque disparus, la présence de la maison elle-même se faisait plus dense. Justement parce que ce n'était pas ma maison, je percevais une présence, intense et mystérieuse, qui imprégnait les murs.
Hiraide Takashi, Le Chat qui venait du ciel. Pour fermer momentanément ce chapitre nippon, ce petit roman à la lecture facile et plein de poésie. La rencontre d'un jeune couple avec un jardin et un chat. C'est joli, c'est doux et pourtant c'est la vie aussi, donc parfois cruel comme un chat qui attrape un oiseau !
Les êtres nobles ne songent pas à écarter les autres pour s'ouvrir un chemin. Il devait aussi lui sembler que les temps allaient dans le sens d'une mise à l'écart des purs.
Nous aurons l'occasion de reparler de la littérature japonaise, notamment de Aki Shimazaki qui m'avait, par un de ses jolis romans, guidée vers l'ikebana, mais aussi de cet écrivain japonais francophone que j'aime beaucoup, Akira Mizubayashi.