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Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de Parisianne
Sentinelle
Souvent, au détour d'un regard, le Sacré Coeur offre sa blancheur immaculée au promeneur. Finalement, il n'est beau que de loin !
Eldorado, Laurent Gaudé
Laurent Gaudé est un auteur que j'affectionne particulièrement, ne soyez donc pas surpris de voir plusieurs articles concernant ses livres. On ne sort jamais indemne de ces romans.
Eldorado ne fait pas exception à la règle. En abordant un thème aussi délicat que l'immigration clandestine, Laurent Gaudé prenait un risque. Il a su une fois encore nous guider avec une grande sensibilité et une profonde humanité. Sans être un roman "engagé", Eldorado traite d'un sujet toujours d'actualité.
Les hommes se croisent et les destins se font où se défont.
Salvatore Piracci est commandant, il navigue depuis 20 ans au large des côtes italiennes pour intercepter les clandestins, en provenance d'Afrique, qui tentent l'impossible voyage. La rencontre avec une femme forte de sa seule volonté va bouleverser sa vie.
En parallèle du cheminement moral de Piracci, d'autres hommes se lancent dans une quête avec la folie de l'espoir.
" Les hommes, dans la nuit, se racontaient des histoires pour se faire briller les yeux. Le vieux monde n'était pas mort. Il était encore des êtres secoués d'impatience qui souriaient au rêve toujours recommencé du lointain bonheur que l'on va chercher ".
Et c'est l'homme qui domine ce roman terrible, l'homme dans toute sa folie, l'homme dans toute sa grandeur.
Porté par une écriture riche et poétique, ce texte ne nous quitte pas, même après l'avoir terminé. Le talent de Laurent Gaudé nous porte à réfléchir, et à s'interroger.
Il ne cherche pas à donner de réponses ni a porter de jugement. Il nous invite seulement à écouter un chant d'espérance dans un au-delà meilleur.
" Et la nuit, au dehors, se pencha pour les écouter. "
Je vous livre un extrait de la page 4 de couverture :
" Parce qu'il n'y a pas de frontières que l'espérance ne puisse franchir, Laurent Gaudé fait résonner la voix de ceux qui, au prix de leurs illusions, leur identité et parfois leur vie, osent se mettre en chemin pour s'inventer une terre promise. "
Observation
C'est le week-end de comptage des oiseaux organisé par la Ligue pour la Protection des Oiseaux, alors prenez le temps et observez puis dites-nous quels sont les oiseaux de vos jardins !
Allez, juste un peu de votre temps !
Détruire dit-elle, Marguerite Duras
Publié en avril 1969, Détruire dit-elle sera, la même année, le premier film entièrement réalisé par Margurite Duras.
Ni nouvelle ni roman, Détruire dit-elle tient effectivement davantage du scénario ou de la pièce de théâtre. C'est un texte à l'abord difficile, très décousu, dont on ne parvient pas réellement à saisir le sens. Très déroutant aussi dans le rapport entre les personnages.
Anne Villelaur, femme de lettres et journaliste, écrira dans Les Lettres françaises : "Détruire dit-elle est le plus étrange des livres de Marguerite Duras. Il ressemble à une cérémonie dont nous ignorerions le rituel et suivrions néanmoins, fascinés, le déroulement."
En faisant quelques recherches, je suis tombée sur une archive de l'Ina dans laquelle Marguerite Duras dit que Détruire dit-elle n'est pas tout à fait un roman, que c'est un de ses textes qu'elle a écrit très vite et qu'elle connaît mal, que c'est la raison pour laquelle elle a décidé de le filmer, refusant de céder les droits même à prix d'or !
Elle écrira également, "J'ai voulu montrer un monde plus tard, après Freud, un monde qui aurait perdu le sommeil ".
L'histoire, si tant est qu'il y en ait une, se passe dans un hôtel à l'orée d'une forêt. Elisabeth Alione s'y repose, c'est une convalescence après la perte d'un bébé et un autre drame dont on ignore s'il est réel ou imaginé. Son mari et sa fille aînée viennent parfois la voir. Deux hommes, Max Thor et Stein l'observent. Alissa Thor, épouse de Max et maîtresse de Stein les rejoint. Des fils se tendent entre les différents protagonistes sans que pourtant ne se créent de liens. L'atmosphère est à la fois pesante et curieuse.
J'ai, pour ma part, eu le sentiment de trouver du Zweig et du Modiano dans cette ambiance feutrée mais lourde de sous entendus plus ou moins violents.
On se laisse prendre...
Je reviens à Duras par ce livre, il me donne envie de me replonger dans Moderato Cantabile.
Ptit bonheur ailé
Inconnu à cette adresse, la pièce
Il y a peu, je vous parlais cette très belle nouvelle, Inconnu à cette adresse, dont je vous conseille vivement la lecture.
Aujourd'hui c'est également une pièce de théatre toujours à l'affiche du Théâtre Antoine car jouée en alternance par plusieurs duos d'acteurs.
J'ai eu la chance de voir Thierry Frémont et Nicolas Vaude dans une interprétation très sobre.
Sur la scène, deux bureaux à chaque extrémité et chacun des protagonistes prenant tour à tour la parole. Les échanges amicaux prennent peu à peu le pas sur les interrogations puis sur les prises de position.
La tension monte, plus palpable à chaque instant jusqu'à la chute.
Une belle prestation de ces deux acteurs qui rendent toute la noblesse de ce texte.
Une pièce à voir sans hésiter.
De la couleur sur le blanc...
Vous avez vu, il y a quelques jours, le bestiaire sculpté de la chapelle de Chaalis. Mais après avoir fait le tour le nez en l'air de cette étrange petite chapelle, il convient d'y pénétrer.
Personnellement, c'est la réputation des fresques intérieures qui a motivé ma visite. Je n'imaginais pas l'écrin dans lequel je trouverais ces belles peintures.
Tout est beau dans ces lieux et je n'ai pas encore tout vu !
Je vous laisse admirer ce diaporama des fresques du Primatice.
Francesco Primaticcio, dit Primatice, est né en 1504 à Bologne.
Repéré à la cour de Mantoue, c'est en 1532 qu'il rejoint la cour de François 1er pour participer à la décoration du château de Fontainebleau, ,
Parallèlement à ses travaux pour la cour, Primatice oeuvre pour quelques grands comme le Cardinal d'Este, le cardinal de Lorraine mais aussi le duc de Guise.
Son style est influencé, entre autre, par Michel-Ange dont il a pu admirer la Chapelle Sixtine lors de séjours à Rome.
Les fresques de Chaalis semblent avoir été réalisées dans les années 1544-1547, le commanditaire étant le Cardinal d'Este.
L'Annonciation occupe la façade dont la rosace a été condamnée.
Les fresques des voûtains de la nef représentent les Pères de l'église, les apôtres et les Evangélistes, alors que les voûtains du choeur représentent des anges portant les instruments de la Passion.
Belle promenade à faire aux beaux jours si vous passez dans la région.
Inconnu à cette adresse, le livre
Avec cette nouvelle écrite sous forme épistolaire en 1938, Kressmann Taylor, une américaine, se décrivant elle-même "femme au foyer" et non comme écrivain, va rencontrer un vif succès.
Une nouvelle épistolaire, c'est assez rare, le genre ne paraît pas s'y prêter réellement. Et pourtant, nous avons ici tout ce qui fait la force d'une excellente nouvelle, jusqu'à la chute habilement amenée par l'auteur.
Il s'agit ici de la correspondance entre Martin Schulse, allemand de retour à Munich, et son ami, presque frère et associé Max Eisenstein, juif allemand, qui tient leur galerie à San Francisco.
18 lettres échangées entre le 12 novembre 1932 et le 3 mars 1934.
18 lettres pour nous faire revivre la montée du fanatisme en Allemagne, la prise de pouvoir d'Hitler sur le pays et sur les hommes.
18 lettres pour nous faire vivre la déchirure.
Inconnu à cette adresse, une oeuvre forte qui porte à réfléchir. Un livre que je vous conseille grandement.
Quelques citations,
12 novembre 1932, Max à Martin
"C'est une Allemagne démocratique que tu retrouves, une terre de culture où une magnifique liberté politique est en train de s'instaurer. Il y fera bon vivre."
21 janvier 1933, Max à Martin
"Qui est cet Adolphe Hitler qui semble en voie d'accéder au pouvoir en Allemagne ? Ce que je lis sur son compte m'inquiète beaucoup."
25 mars 1933, Martin à Max
"Franchement Max, je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne, mais je n'en suis pas sûr. [...] L'homme électrise les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d'un fanatique. Mais je m'interroge : est-il complètement sain d'esprit ?"
18 mai 1933, Max à Martin
"Je suis bouleversé par l'afflux de reportages sur ta patrie qui nous parviennent. [...] Je sais que ton esprit libéral et ton coeur chaleureux ne pourraient tolérer la brutalité, et que tu me diras la vérité."
9 juillet 1933, Martin à Max
"En ce qui concerne les mesures sévères qui t'affligent tellement, je dois dire que, au début, elles ne me plaisaient pas non plus ; mais j'en suis arrivé à admettre leur douloureuse nécessité."
Ainsi, de lettre en lettre, de mois en mois, les liens très forts qui unissaient les deux amis se déchirent jusqu'à un point de non retour...
Nous reviendrons plus tard sur la pièce qui se donne aujourd'hui encore au théatre Antoine.
Légèreté
C'est la valse des flocons,
Qui volent en tourbillons
Et se posent délicatement
Sur les cheveux des passants.
Certains agiles comme lièvre
Viendront caresser leurs lèvres
Et glisseront dans leur cou
Pour y poser un baiser doux.
Alors que d'autres plus discrets,
Iront murmurer un secret
Au creux d'une oreille attentive,
Et allumeront une flamme vive
Aux pupilles et regard curieux
Des poètes et des amoureux !
Anne, janvier 2013