L'Horizon, Patrick Modiano (rediffusion)
L'horizon de Patrick Modiano s'est éclairé la semaine passée. Je ne sais pas vous mais moi je suis ravie de ce Prix Nobel de littérature pour cet auteur dont j'aime particulièrement le style, la sensibilité et la timidité ! Je suis la première surprise de n'avoir pas plus de livres de cet auteur sur ces pages, mais il y a tant de pudeur chez Modiano que peut-être j'ai eu également quelques pudeurs à livrer mes lectures. Je ferai mieux la prochaine fois.
Je félicite simplement et sincèrement ce grand monsieur de la littérature française.
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Il ne sera pas question ici de grands espaces. Non, il s'agit de L'Horizon de Patrick Modiano, autant dire un horizon un peu bouché !
Ouvrir un livre de Modiano, c'est pénétrer un univers en noir et blanc, un brouillard léger sur lequel des silhouettes se dessinent. L'Horizon n'échappe pas à la règle en nous promenant dans les traces d'un écrivain en quête d'un passé pourtant très présent qui guide sa quête.
Jean Bosmans remplit de notes son carnet d'écrivain et s'accroche à des noms qui lui reviennent, instants partagés, rencontres éphémères, moments fuis pour échapper à la réalité de la dame aux cheveux rouges. A quelques exceptions près, rien n'est jamais très net et les souvenirs semblent glisser comme la brume sur un lac, caressant la surface sans y laisser de trace.
"Ces fragments de souvenirs correspondaient aux années où votre vie est semée de carrefours, et tant d'allées s'ouvrent devant vous que vous avez l'embarras du choix."
Seule Margaret et ses craintes prennent de l'ampleur. Si son histoire reste dans l'ombre, nous ne savons que peu de choses la concernant, sa présence aux côtés de Bosmans est bien réelle.
"Bosmans avait lu quelque part qu'une première rencontre entre deux personnes est comme une blessure légère que chacun ressent et qui le réveille de sa solitude et de sa torpeur."
La rencontre entre Bosmans et Margaret Le Coz ancre effectivement le récit dans une certaine réalité pourtant pleine de questionnement. Il ne faut pas attendre de réponses aux questions, il ne faut d'ailleurs pas attendre d'action non plus, il n'y a ni l'un ni l'autre !
Les romans de Modiano paraissent avancer au ralenti, il suffit de se laisser porter par le plaisir de cette belle écriture.
Pourquoi attendre des réponses, l'auteur répond lui-même à cette question :
"Au moins, avec le doute, il demeure encore une forme d'espoir, une ligne de fuite vers l'horizon. On se dit que le temps n'a peut-être pas achevé son travail de destruction et qu'il y aura encore des rendez-vous ".