Quand le soleil décline et que la nuit s’en vient, je me revois, petit, courir les forêts, un grand sac à la main, guidé par un grand-père au cœur riche de mes rires et au regard brillant de nos instants complices.
Chaque jour est un trésor.
Quand la nuit installée, je fouille dans mon sac, vide du soleil manqué, mais plein de nos bonheurs, de souvenirs enfouis, de l’enfant que j’étais, de ce que j’en ai fait, c’est ton sourire grand-père qui réjouit mon cœur.
Chaque jour est un trésor.
Quand dans vos yeux rieurs mille étoiles scintillent, si le soleil n’est plus, je sais combien il brille. Il luit de cet amour soufflé par mon aïeul, et qu’à mon tour enfin avec vous je partage, comme le plus beau trésor.
Frédérique Trigodet n'est pas une inconnue pour ceux d'entre vous qui me suivent depuis quelques temps, nous avions déjà évoqué son très beau Vent fou il y a quelques mois.
Dans ce nouveau recueil, Frédérique Trigodet nous offre des nouvelles rythmées de brèves de comptoir, ces instantanés volés au gré de cafés pris ici où là.
C'est drôle, tendre, surprenant, à découvrir absolument !
Je m’assois en tournant le dos à la troupe d’arsouilles collée au bar. Ça m’intéresse pas les types qui voient pas plus loins que leur prochain demi ou la course à venir… Moi. j’ai mieux que ça : je plante mes yeux dans le décor et je profite de la vue. […]
Je viens tous les matins. Je m’assois et je touille mon café, les yeux perdus dans ce paysage de mer. Je pourrais passer des heures à contempler cette peinture sur le mur du fond.
Café océan
J'ai écrit sur Babelio :
"S'asseoir aux côtés de Frédérique Trigodet pour prendre un p’tit noir dans un bistrot, c’est la garantie d’y goûter le sel de la vie. Ce nouveau recueil alternant brèves de comptoirs et nouvelles est aussi gourmand que le morceau de sucre imprégné d’une goutte de café que l’on offre aux enfants, on y retrouve autant de douceur que d’amertume, et on en redemande tant l’auteure sait viser juste."
Il est rare que je reprenne ici mes critiques Babelio, mais là, je n'arrive pas à me détacher de cette image du café sur le sucre tant les textes de Frédérique me font cet effet doux amer.
Il y a tant de solitudes en compagnie dans ces nouvelles qu'on ne peut rester insensible aux fines observations de l'auteure.
Parce qu'il est là le charme de ce recueil, Frédérique Trigodet ne se contente pas de nous raconter ce qu'elle a saisi, elle nous invite à ses côtés pour - un café bien chaud entre les mains - savourer chaque instant, observer chaque client avec attention, tendresse, amusement parfois mais bienveillance toujours.
Et c'est un délice de se laisser emporter dans des voyages immobiles mais plein de richesses.
La mer vient se frotter au bord du quai en clapotant, bruit mouillé qui réveille des souvenirs. Je résiste encore un peu, afin de les laisser là où ils sont.
Je ne bouge pas
Frédérique est éditée chez Zonaires, n'hésitez pas à visiter le site de la maison, vous y trouverez de jolies choses, et s'il est trop tard pour les glisser sous le sapin, il n'est jamais trop tôt ni trop tard pour offrir un livre.
Tout au long du voyage, je me suis dit qu'au moins j'étais loin.
Joyeux Noël
à tous et toutes qui passez par ces pages.
Je vous souhaite d'agréables moments avec ceux qui vous entourent,
de la douceur et de beaux partages.
Mon sapin cette année est fait de mille mots,
ceux qui emplissent ma bibliothèque,
mais surtout ceux que nous partageons,
autour des livres, ou d'autres découvertes.
Faites bien attention à vous, et passez de belles fêtes de fin d'année.
Pour célébrer l'entrée dans l'hiver, ce sont deux photos de Yves Lacoutière qui ont mené la danse de mes mots aujourd'hui, afin de vous souhaiter à tous une belle fin d'année pleine de lumières, et vous remercier de notre part à tous les deux, de nous suivre dans ce jeu que sont ces publications hebdomadaires des Mots dans les Yeux.
Quand, dans la nuit d'hiver, les feuilles crisseront sous les pas d'un grand homme en habit rouge, certaines voltigeront jusqu'à, se poser dans la hotte et se glisser dans sa barbe.
Et les plus petits au matin de Noël, trouveront ces jolis cadeaux de nos forêts, de nos jardins, comme autant d'invitation à les protéger.
Vous connaissiez les "Petits bavardages entre amis", découvrez les "Papitages de Parisianne".
D'abord, une explication sur ce mot étrange, né d'une faute de frappe, d'une amie qui se reconnaîtra, alors que nous échangions via une messagerie instantanée, et que j'ai saisi au bond tant j'ai trouvé ce mot joli. Bien sûr, vous aurez fait le lien avec "papotage" mais puisqu'il n'est entre nous question que d'écrits, et que dans un temps pas si lointain, nous écrivions sur papier (je vous rappelle que je suis née dans une imprimerie, donc le papier ça me parle), le lien entre "écrire" et "papiter" s'est fait sans hésiter.
Il faut ajouter à cela que si nous papitons, c'est que nous sommes loin, sinon, croyez-moi, nous irions prendre un café bavard quelque part !
J'avais initié ce type d'échange avec Alain Emery, et à l'époque je l'avais appelé Papotage.
Dorénavant, ce sera Papitage ! Et nous ouvrirons cette rubrique avec Patrick Henin Miris. Je vous ai parlé il y a peu de son dernier recueil d'aphorismes, Avalanches de silences aux Editions Cactus Inébranlable.
Ceux qui auront eu entre les mains le dernier recueil de Patrick, ou le précédent, En avant, marge ! auront forcément remarqué les dessins qui accompagnent les textes. Des dessins de l'auteur lui-même qui a plusieurs talents à son actif, et qui nous fait la gentillesse de nous en offrir quelques-uns pour nous présenter son travail.
Je vous invite à vous arrêter sur chaque image pour les observer attentivement.
Vous aurez deviné que je suis un peu curieuse, surtout lorsqu'il s'agit de création. Les dessins de Patrick m'ont donc interrogée et le format court de ses aphorismes aussi. Il n'en fallait pas moins pour le questionner à ma façon, c'est à dire de façon tout à fait informelle, avec une série de questions lancées en vrac : quelle technique pour les dessins, depuis quand, leur lien avec l'écriture, qui se nourrit de quoi, etc. Patrick qui est la patience incarnée s'est plié au jeu et m'a répondu.
Je vais vous livrer ses mots mais avant, je voulais préciser que concernant ses dessins, il les nomme "images à lire", et je trouve l'expression très belle, d'autant qu'il est effectivement possible de lire de nombreuses choses dans ses créations à l'encre de Chine sur papier.
J'aime l'instant du sourire d'un lecteur qui ouvre au hasard un de mes recueils, et trouve dans une ou quelques phrases matière à penser ou à imaginer.
"A vingt ans, considérant que mon désir d'écrire devait encore mûrir, je peignais et dessinais, exposant çà et là. Ensuite, quand ma première pièce a vu la scène, je me suis totalement consacré à l'écriture théâtrale et parfois scénaristique, abandonnant l'expression plastique.
C'est seulement récemment que découvrant la forme brève, j'ai repris le dessin, un peu comme un exercice de respiration, inspiration et expiration ou concentration et évacuation.
En effet, là où l'écrit mobilise l'espace intérieur, le dessin me permet de détendre toutes ces forces comprimées.
là où l'écrit mobilise l'espace intérieur, le dessin me permet de détendre toutes ces forces comprimées.
C'est suite à un déjà long chemin d'écriture que la forme brève m'est apparue. Ainsi, après un certain nombre de pièces de théâtre où j'ai acquis la réputation d'être un auteur immontable, la création de contes et de fables dits par notre troupe de conteurs "Les contes sur le tapis", j'ai rencontré presque par hasard l'univers large et riche que les aphorismes et ce que nous appelons les micro-fictions (courtes nouvelles d'au maximum 8 lignes)peuvent investir.
j'éprouve un réel plaisir à élaborer ces gouttes de pensée
De formation philosophique, me considérant plutôt comme un moraliste, j'éprouve un réel plaisir à élaborer ces gouttes de pensée.
J'aime l'instant du sourire d'un lecteur qui ouvre au hasard un de mes recueils, et trouve dans une ou quelques phrases matière à penser ou à imaginer.
Comme l'art est justement "ce qui fait penser", ces petites touches de couleurs ou ces particules d'huiles essentielles, prises ainsi à la volée s'avèrent souvent précieuses, pour susciter l'étonnement ou déplacer un angle de vue. D'autant que la forme brève se montre plus directement accessible à tous ceux qui ont perdu l'habitude des longues lectures. C'est un peu une façon de préserver la littérature et d'ouvrir ses perspectives à un plus grand nombre."
Trois recueils d'aphorismes ont déjà vu le jour : Une pellicule sur la tête d'un pauvre type, En avant, marge ! Avalanche de silences
Et pour les micro-fictions : Zadigacités, et un autre est en préparation pour 2023...
Sur une table, abandonnés : un livre à l’encre sympathique, des histoires sans paroles, des dialogues en silence, comme autant de vestiges d’un rendez-vous manqué, sur la scène de nos discordes.
Que diront à l’écho les vieilles pierres penchées sur nos confidences ?
Que nous étions trop beaux, chacun dans nos regards ?
Que nous étions trop sots, chacun dans nos espoirs ?
Le livre s’est refermé, sur notre histoire désertée.
Comme nous parlions poésie, j’ai pensé un instant qu’il allait me citer un poète que je ne connaissais pas. J’attendais donc la suite.
- Mais enfin, vous voyez bien que la lune est verte, regardez-donc !
Et j’ai suivi son regard.
Alors j’ai compris que pour une conscience voyageuse, la lune était verte dans le gris du ciel , et j’ai trouvé ça très beau.
A ma façon, lui rendre hommage ainsi qu’à son épouse qui l’accompagne avec beaucoup d’attention, jusqu’à s’épuiser. Si, par bonheur, la lune était de nouveau verte quand je le retrouverai cette semaine, je tenterai de l’inciter à composer lui-même un poème à sa façon.