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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


Delacroix, des couleurs et des mots

Publié par Parisianne sur 10 Septembre 2013, 16:20pm

Catégories : #culture

Place de Furstenberg, Paris 6e

Place de Furstenberg, Paris 6e

A deux pas de l'église Saint-Germain-des-Prés, une petite place très paisible au coeur de ce quartier animé et, dans un angle, un hôtel particulier où le peintre Eugène Delacroix (1798-1865) a vécu ses dernières années pour être au plus près de l'église Saint-Sulpice où il travaille jusqu'en 1861 à la Chapelle des Saints-Anges.

Le musée n'est pas grand mais abrite un petit havre de verdure, récemment remanié pour lui rendre le charme cher à l'artiste. J'ai eu la chance d'y aller par une très chaude journée d'été et le lieu vaut vraiment le détour.

Delacroix c'est bien sûr le peintre de la couleur, La mort de Sardanapale, La liberté guidant le peuple, Les femmes d'Alger dans leur appartement ou encore la Chasse aux lions, pour n'en citer que trop peu, mais aussi les commandes officielles comme la bibliothèque de l'Assemblée Nationale ou celle du Sénat, toutes ces oeuvres qui feront de lui un artiste majeur du XIXe siècle et feront couler beaucoup d'encre et de salive à ses détracteurs autant qu'à ses admirateurs.

Mais ce maître a un autre talent que l'on connaît moins, celui d'écrivain. Il aurait d'ailleurs hésité entre les deux professions ! Il choisira la peinture mais alimentera de façon très régulière son Journal, véritable source d'informations sur son oeuvre et ses contemporains aussi riche qu'intelligente.

Delacroix a 24 ans lorsqu'il écrit en 1822 : "Je mets à exécution le projet formé tant de fois d'écrire un journal. Ce que je désire le plus vivement, c'est de ne pas perdre de vue que je l'écris pour moi seul. Je serai donc vrai, je l'espère ; j'en deviendrai meilleur. ce papoer me reprochera mes variations. Je le commence dans d'heureuses dispositions".

Le parler vrai perdure, c'est incontestable, mais on sent très vite une attention particulière portée sur ce qu'il écrit et une conscience très nette d'un passage à la postérité de ces observations sincères.

Le Journal de Delacroix offre au lecteur curieux de nombreux commentaires sur son travail, l'art, la littérature, ses voyages et ses contemporains mais aussi une attention très grande portée à la nature. Un petit plaisir à ne pas bouder :

"La première et la plus importante chose en peinture, ce sont les contours. Le reste serait-il extrêmement négligé que, s'ils y sont, la peinture est ferme et terminée." 1824

"Je n'aime point la peinture raisonnable ; il faut, je le vois, que mon esprit brouillon s'agite, défasse, essaye de cent manières, avant d'arriver au but dont le besoin me travaille dans chaque chose." 1824

"Le poète se sauve par la succession des images, le peintre par leur simultanéité. " 1834

"Combien de livres qu'on ne lit pas parce qu'ils se veulent être des livres. " 1843

"De l'abus de l'esprit chez les Français. Ils en mettent partout dans leurs ouvrages, ou plutôt ils veulent qu'on sente partout l'auteur, et que l'auteur soit homme d'esprit et entendu à tout [...] dans les arts de même. Le peintre pense moins à exprimer son sujet qu'à faire briller son habileté, son adresse ; de là, la belle exécution, la touche savante, le morceau supérieurement rendu. Eh ! malheureux, pendant que j'admire ton adresse, mon coeur se glace et mon imagination reploie ses ailes." 1844

Et pour finir avant de vous lasser, ce passage fort drôle, écrit en 1850, delacroix a 52 ans.

"[...] Je commence à prendre furieusement en grippe les Schubert, les rêveurs, les Chateaubriand (il y a longtemps que j'avais commencé), les Lamartine, etc. Pourquoi tout cela se passe-t-il ? Parce que ce n'est point vrai... Est-ce que les amants regardent la lune, quand ils trouvent près d'eux leur maîtresse ?... A la bonne heure, quand elle commence à les ennuyer.

Des amants ne pleurent pas ensemble ; ils ne font pas d'hymnes à l'infini, et font peu de descriptions. Les heures vraiment délicieuses passent bien vite, et on ne les remplit pas ainsi.

Les sentiments des Méditations* sont faux, aussi bien que ceux de Raphaël, du même auteur. Ce vague, cette tristesse perpétuelle ne peignent personne. C'est l'école de l'amour malade... C'est une triste recommandation, et cependant les femmes font semblant de raffoler de ces balivernes ; c'est par contenance ; elles savent bien à quoi s'en tenir sur ce qui fait le fond de l'amour. Elles vantent les faiseurs d'odes et d'invocation, mais elles attirent et recherchent soigneusement les hommes bien portants et attentifs à leurs charmes. [...] "

 

Reconnaissez que c'est savoureux !

* Lamartine

 

Musée Delacroix, 6 rue de Furstenberg 75006 Paris

 

 

 

 

 

Delacroix, des couleurs et des mots
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G
Un vrai plaisir de te lire !<br /> Cordiales amitiés &amp; à +
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L
Il faudra que j'y fasse un tour, j'aime beaucoup Delacroix !
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P
Bonsoir,<br /> Si tu vas au Louvre et qu'il te reste assez d'énergie pour poursuivre, le billet est valable pour les deux musées :)
M
Cet endroit me plairait, il me semble calme, je crois que je ne supporterai pas de faire la queue devant un Musée pendant des heures, pourtant l'expo de Braque au Grand Palais me tenterait beaucoup plus que la peinture de Delacroix malgré son grand talent... Dommage...<br /> Bises Anne
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L
Le musée Delacroix est effectivement une oasis de verdure et de calme à deux pas du boulevard Saint-Germain. Pour mémoire, le billet d'entrée au Louvre donne aussi accès au musée Delacroix.
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J
Je découvre côté Delacroix plus connu au pinceau... Merci Anne, bonne semaine aussi, bises, jill
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