Pour cette nouvelle lecture en duo complice, nous avions arrêté notre choix sur le dernier livre d'Andreï Makine dont, pour ma part, j'aime beaucoup les oeuvres.
Pourtant, cette Femme aimée, qui retrace la vie de la Grande Catherine à la réputation sulfureuse nous a un peu surprises. Malgré la qualité d'écriture, c'est un livre inadapté à la lecture à voix haute, un peu trop compliqué pour ce genre d'exercice.
Andreï Makine n'a pas réécrit ici une énième biographie de Catherine, il a emmêlé (devrais-je dire enlacé ?) l'histoire de cette tsarine familière de Voltaire, Diderot, Cagliostro et Casanova et celle de l'URSS déclinante et de la Russie d'aujourd'hui.
"Majesté, Monsieur Diderot !
"Cher ami ! Vous autres philosophes, vous ne travaillez que sur le papier qui souffre tout. Moi, pauvre impératrice, je travaille sur la peau humaine qui est bien plus irritable et chatouilleuse..."
Le principal protagoniste, Oleg Erdmann, un jeune cinéaste russe d'origine allemande rêve de tourner une histoire de la vie de Catherine et cherche pendant des décennies à sonder les mystères de sa vie. Un premier film sous le régime soviétique lui laisse un goût d'inachevé, un feuilleton télévisé pour faire de l'audience et de l'argent dans la Russie moderne le laisse désabusé.
"J'ai juste besoin d'un grand sujet. Tu as travaillé, autrefois, sur la vie de Catherine? C'est elle que je veux ! Non pas la momie qu'on trouve dans les bouquins d'histoire, non. Une Catherine dépoussiérée, une bombe qui nous explose à la figure !"
Le texte tantôt cru, tantôt violent ne nous épargne ni les scènes d'activités sexuelles débridées ni les crimes les plus abjectes. Pourtant, l'écriture d'Andreï Makine sait se faire poétique et c'est toujours un bonheur de le retrouver dans ce registre.
Ce livre est un cri autant qu'une quête, celle d'une harmonie entre la liberté d'être et celle d'aimer.
"Ils devinent qu'un seuil est franchi - non pas dans l'intimité mais dans la liberté de ce qu'ils peuvent faire de leur vie. Une vie qui durant toutes ces années, était dissimulée sous un flux d'inpeties, d'attentes inutiles, d'avidités, de craintes. Tout peut basculer maintenant. "