Avec la rentrée reviennent les petits plaisirs parisiens, et en particulier ces lectures au musée Rodin.
Alors que l'été joue les prolongations, c'est à une Ode au jardin que nous étions conviés sur les terrasses du musée.
Charles Gonzalès en belle compagnie de Fanny Cottençon ont été nos guides pour une promenade fleurie, parfumée et sensuelle dans les jardins de la littérature à travers les époques, leurs lectures accompagnées par Mossy Amidi Fard et sa musique envoûtante.
Du jardin de la Genèse au Cantique des cantiques,
"Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe / qui repose entre mes seins / Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne des vignes d'En-Guédi / Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! / Tes yeux sont des colombes / Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimble ! / Notre lit c'est la verdure / Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris sont des cyprès..."
De Virgile au petit jardin de Jacques Lanzman chanté par Jacques Dutronc, en passant par Les Milles et unes nuits, La Fontaine, Rousseau, Chateaubriand ou même Hugo dans les Misérables ou Zola dans La Faute de l'Abbé Mouret, l'évocation de ces jardins enchanteurs ou enchantés, nés dans l'imaginaire des auteurs était une véritable ode aux sens portée par deux acteurs aussi sensibles que spontanés.
Une belle soirée.
Après trois ans,
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.
Même j'ai retrouve debout la Velléda
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.
Paul VERLAINE