Dessins, céramiques et sculptures 1945-1970
Voilà le programme de cette superbe exposition qui se tient jusqu'au 26 février, allez-y vite, c'est au Centre Pompidou Chagall à l'Oeuvre 1945-1970
Avec Georges Hugo, dans un style et une époque bien entendu très différents, cette exposition fait partie de celle que je me réjouis de montrer à ma Vieille Dame du mercredi. Les monographies ne sont pas si fréquentes et pour une mémoire vagabonde, plusieurs artistes dans une même exposition peuvent compliquer les choses.
Là, comme chez Hugo, un seul homme, un seul nom à mémoriser et en plus des couleurs chatoyantes. Bien sûr, les œuvres peuvent parfois interroger mais l'ensemble est vraiment très beau et le parcours tout à fait raisonnable en matière de durée.
Marc Chagall (1887-1985) fait partie de ces artistes qui me touchent et me fascinent, j'aime son œuvre, ses couleurs, ses recherches, ses thèmes russes qui ne sont jamais très loin.
On croise souvent Chagall dans différentes expositions modernes, au moins deux de ses toiles sont exposées en ce moment au Petit Palais pour le Paris de la Modernité. Ici, l'exposition est articulée autour de trois thèmes principaux : les projets de costumes et rideaux pour le ballet L'Oiseau de Feu d'Igor Stravinsky, les esquisses et maquettes pour le plafond de l'Opéra de Paris commandé par Malraux en 1962, et enfin des céramiques, sculptures et collages réalisés entre 1950 et 1970.
Il faut faire chanter le dessin par la couleur.
La musique est essentielle à Chagall, elle est souvent évoquée dans son œuvre. Il est en exil à New York lorsqu'en 1944, la compagnie américaine Ballet Theatre décide de produire L'Oiseau de feu et confie à Marc Chagall la réalisation des décors et costumes.
Il puise son inspiration dans le folklore russe autant que dans les poupées kachina des Amérindiens Hopi (suivez le lien pour voir des images de ces poupées de la collection d'André Breton).
Et surtout regardez les merveilleux dessins ci-dessus, même si je n'ai pas fait de gros plan en raison des nombreux reflets, vous devriez pouvoir vous faire une idée.
On nous explique que Chagall a travaillé au plus près des danseurs pour que ses costumes n'entravent en rien leurs mouvements, et que jusqu'au bout il ajoute aux costumes des touches de couleurs pour les harmoniser parfaitement avec les rideaux de scène.
1962, André Malraux est ministre des Affaires culturelles. Il sollicite Marc Chagall pour réaliser le décor du plafond de l'Opéra Garnier pour couvrir celui plus ancien de Jean-Eugène Lepneveu (1819-1898). Au sujet de Lepneveu, je vous invite à lire l'article d'avril 2023, dans Connaissance des Arts sur la requête de ses héritiers : Le célèbre plafond de Chagall risque t-il d'être démonté ?
Il faut savoir deux choses, la première c'est que le pauvre Lepneveu, Prix de Rome, membre de l'Institut, voit ses oeuvres parisiennes un peu malmenées, ce qui est tout de même regrettable, même si elle ne sont plus nécessairement à notre goût.
La seconde, c'est que le plafond de Chagall recouvre celui de Lepneveu et a été prévu pour être démontable.
Je n'ai pas trouvé d'information plus récente que les discussions lancées en avril dernier, je ne sais donc pas où en est cette affaire. Si j'aime beaucoup Chagall, je conçois que Charles Garnier lui-même ayant choisi Lepneveu pour le décor, la logique voudrait qu'une restitution à l'identique de l'opéra incite à faire réapparaître l'œuvre initiale. Mais quid de Chagall, alors ? Nous verrons peut-être le sujet ressurgir un jour prochain.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Mais revenons à Chagall et à son décor chatoyant. Malgré les nombreuses critiques, il soumet à Malraux un projet de douze panneaux dans lesquels il célèbre l'architecture de Charles Garnier, Paris et les grandes créations musicales (La Flûte enchantée de Mozart, le Lac des Cygnes de Tchaïkovsky, Carmen de Bizet, entre autres) l'ensemble traité dans un foisonnement de couleurs caractéristiques de l'artiste.
Je vous cite les propos de Chagall, à son arrivée à Paris en 1911, qui expliquent beaucoup !
Chose, nature, gens, éclairés de cette "lumière-liberté" baignaient aurait-on dit, dans un bain coloré.
La dernière partie de l'exposition nous montre les collages, réalisés entre 1960 et 1970, que pour ma part je n'avais pas souvenir d'avoir déjà vus. Toujours des couleurs magnifiques, et une utilisation de tissus froissés, de végétaux en contraste avec la gouache. Mes photos malheureusement ne leur rendent pas hommage, les reflets compliquant toujours les choses. Tissus et papiers collés prennent leur inspiration dans les cahiers des couturiers, ces "mood boards" qui offrent à voir un petit échantillon pour imaginer le rendu de la couleur et de la texture.
Pour finir, sculptures et céramiques que j'aurais dû vous présenter avant les collages puisque ce sont des œuvres antérieures, créées entre 1940 et 1953. Ses inspirations sont puisées dans les tympans et chapiteaux de Vézelay mais aussi dans l'Antiquité suite à ses voyages en Grèce. Si la technique limite les explosions de couleurs, les thèmes de Chagall ressurgissent tout de même et son trait est reconnaissable.
Si votre journée est grise, j'espère que ces couleurs de l'un des plus grands artistes du XXe siècle vous auront enchantés !
Chagall à l'œuvre - Dessins, céramiques et sculptures 1945-1970
L'exposition réunit un ensemble d'œuvres entrées en collection en 2022 grâce à la générosité de Bella et Meret Meyer. Cent-vingt-sept dessins, cinq céramiques et sept sculptures de Marc Ch...
https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/ppPD0nO
Oiseau de feu - Stravinsky | extrait | Nina Ananiashvili
Extrait de L'Oiseau de feu interprété par les Saisons Russes du XXIe siècle présenté du 28 juin au 1er juillet 2012 au Théâtre des Champs-Elysées Extrait du film-ballet "Le Retour de l'Oise...