Modigliani, portraits de Paul Guillaume
Ton devoir réel est de sauver ton rêve.
La Beauté a aussi des devoirs douloureux : qui créent toutefois les plus beaux efforts de l'âme. Tout obstacle surmonté marque un accroissement de volonté, produit le renouvellement nécessaire et progressif de notre aspiration. Aie un culte sacré pour tout ce qui peut exalter et exciter ton intelligence. Cherche à les provoquer, à les perpétuer, ces stimuli féconds, parce qu'eux seuls peuvent pousser l'intelligence à son pouvoir créateur maximal.
Une exposition Modigliani se tient actuellement au musée de l'Orangerie, avec pour intention de remettre l'œuvre de cet artiste, plébiscité par les amateurs, dans le contexte d'un moment précis de sa vie qui est sa rencontre et sa collaboration avec Paul Guillaume, jeune marchand d'art.
Il faut savoir que le fond du musée de l'Orangerie est constitué en grande part de la collection Paul Guillaume - Jean Walter, le premier décédé en 1934, le second en 1977, acquise par l'état à Domenica Walter, veuve de Paul Guillaume et épouse en secondes noces de l'architecte Jean Walter.
Jeune marchand, Paul Guillaume rencontre Modigliani en 1914, et sera l'un de ses marchands mais aussi collectionneur.
Modigliani, arrivé à Paris en 1906 à l 'âge de 21 ans, vit avec la bohème parisienne entre Montmartre et Montparnasse et connaît au début de la Première Guerre Mondiale une période de grande difficultés financières. Il verra alors en Paul Guillaume un moyen de se faire connaître et de vendre. Rappelons qu'il est d'une santé fragile, que son marchand Paul Alexandre est mobilisé, alors que ni lui ni Guillaume ne sont en état d'être envoyé au front.
Cette exposition n'est donc pas une rétrospective Modigliani, mais nous donne à voir quelques sculptures, de nombreux portraits et quelques nus, l'ensemble replacé dans le contexte des années de guerre.
On peut voir l'intérêt des deux hommes pour l'art africain, qui intéressera aussi beaucoup Picasso, entre autres.
Bien sûr, les portraits de Kisling ou Max Jacob, placent également Modigliani au centre de cette bohème effervescente, souvent regroupée sous le nom d'Ecole de Paris, et nous permet de voir les influences des avant-gardes, du cubisme, toute cette modernité en marche mais également les influences italiennes et celle de Cézanne, notamment dans la palette du peintre.
Les nombreux portraits, majoritairement féminins, regroupent des anonymes et des célébrités, et les quelques sculptures nous rappellent que Modigliani a commencé par être sculpteur, avec son ami Brancusi, avant de se mettre presque exclusivement à la peinture.
L'exposition nous invite à regarder également, à travers de photos, la manière dont le marchand mettait en avant dans son intérieur les œuvres des artistes qu'il aimait et n'hésitait ainsi pas à en faire la promotion auprès de ses visiteurs.
Un parcours agréable malgré le monde, l'angle de présentation est assez simple et permet de naviguer d'une œuvre à l'autre. Je n'ai, pour ma part, pas souvenir d'autant de Modigliani réunis, je n'ai donc pas boudé mon plaisir.
Je vous invite à écouter, en lien ci-dessous, ce qu'en dit Cécile Girardeau, co-commissaire de l'exposition, aux côtés de Simonetta Fraquelli.
Pour aller plus loin, j'ai pris pour ma part beaucoup de plaisir à la lecture du petit opuscule réunissant quelques lettres de l'artiste réunies par Olivier Renault, qui a pour titre cette si belle phrase de Modigliani que je n'ai pas résisté à retranscrire en ouverture de cette chronique.
Exposition "Amadeo Modigliani. Un peintre et son marchand" | Voix d'O
Écouter Exposition "Amadeo Modigliani. Un peintre et son marchand" de Voix d'O. Exposition "Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand"Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024 au musée de ...
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