Sam Szafran, Obsessions d'un peintre au Musée de l'Orangerie
Encore une découverte, Sam Szafran, un peintre parisien né en 1934 et décédé en 2019, un contemporain donc, présenté aujourd'hui au musée de l'Orangerie, à quelques pas des Nymphéas de Monet.
Contrairement à André Devambez dont nous parlions la semaine dernière, Sam Szafran est un autodidacte. Rescapé des rafles durant la seconde Guerre Mondiale, il est accueilli en Suisse en 1944 puis partira en Australie, en 1947, avec sa sœur et sa mère, seules rescapées des camps où les autres membres de la famille ont été massacrés.
Lorsqu'il regagne la France en 1951, il est un pur autodidacte. Il suit les cours de la Grande Chaumière, rencontre Nicolas de Staël, Joan Michell (expo à venir à la Fondation Vuitton), Yves Klein, Jean Tinguely et de nombreux autres.
Un temps tenté par l'abstraction, il revient vers la figuration et lorsque en 1960 il se voit offrir une boîte de pastels, il en fait son outil de prédilection. Sa rencontre avec Alberto Giacometti en 1964 est déterminante. Le sculpteur qui mourra deux ans plus tard sera officieusement son maître.
Du beau monde dans l'univers de cet artiste, non ? Giacometti, est un artiste que j'aime particulièrement, et dont j'aurai sûrement l'occasion de vous reparler puisque je vais suivre une série de cours sur les artistes du Montparnasse à la Fondation Giacometti.
C'est curieux la vie. Ce n'est pas drôle mais c'est curieux.
Je vous le disais en démarrant, Sam Szafran est un autodidacte, il a connu beaucoup de galères avant de percer, c'est à son obstination et à son travail qu'il doit son succès.
De grands "genres" se détachent dans son œuvre, l'exposition met en avant les Ateliers, les Escaliers et les Feuillages.
Maître du fusain et du pastel, Sam Szafran utilise aussi la photo pour juxtaposer, notamment les escaliers, afin de donner différents points de vue.
Mes photos ne sont pas très belles, les œuvres sont sous verre donc beaucoup de reflets, et je ne sais pas très bien comment parler de cette découverte qui m'a autant charmée que déroutée.
La vraie problématique consiste à unir la lumière et la couleur à travers la forme et le dessin. Par conséquent, le dessin est le vrai problème.
J'aime beaucoup les Ateliers et Escaliers, ces derniers sont quasiment tous habités, je veux dire par là qu'un personnage apparaît presque systématiquement.
L'artiste, dans un entretien avec Jean Clair pour un catalogue d'exposition en 1999, dit : "J'ai toujours vécu dans l'escalier." On le surnomme parfois d'ailleurs "le Maître de l'escalier", je n'irai pas dire le contraire tant ses œuvres m'ont frappée.
J'aime aussi beaucoup les escaliers, petite, chez ma grand-mère, la marche la plus large, celle du virage, était ma place pour lire. J'adorai me réfugier là, à la fois à l'écart et au centre de la maison dont je voyais la vie à travers la balustrade. Mais en voyant les escaliers de Szafran, c'est au magnifique livre du regretté Carlos Ruiz Zafon, L'Ombre du vent que j'ai pensé. Il y a un côté fantastique dans son découpage des espaces, dans ses ponts entre les différentes vues, c'est très intéressant.
Le pastel me touche particulièrement, j'aime le côté sensuel, le velouté de cette technique aux couleurs souvent très belles. Vous remarquerez dans une des photos de feuillages, une jolie touche de couleurs, ce sont les pastels de l'artiste, joli, non ?
Il me semble que ce sont ces feuillages qui m'ont pourtant le plus dérangée dans cette exposition. J'ai eu l'impression d'étouffer. J'ai tout de suite pensé à Boris Vian et à l'Ecume des jours. Pourtant, j'ai trouvé la technique fascinante, le rendu magnifique. Je crois que j'aurais besoin de revoir cette exposition, et peut-être même de suivre une visite guidée qui m'ouvrirait quelques portes à la compréhension ! Alors ne soyez pas surpris si un jour je parle à nouveau de Sam Szafran !
Et vous, vous connaissiez ? Quel est votre ressenti face à son œuvre ? Votre avis m'intéresse, je m'interroge en fait sur la faisabilité de cette expo avec certaines de mes Vieilles Dames. Agréable ou oppressant ? c'est assez rare que je sois si partagée sur une expo. Ma curiosité personnelle est piquée, mon intérêt pour l'art me conduit à toujours trouver intéressantes les différentes manières, même celles que je goûte moins mais je sais en général ce que je peux, ou non montrer aux personnes fragiles que j'accompagne. Mais là... je doute !
Sam Szafran, Obsessions d'un peintre,
Musée de l'Orangerie jusqu'au 16 janvier 2023.
Commissaires : Julia Drost et Sophie Eloy