André Devambez au Petit Palais
André Devambez (1867-1944), Vertiges de l'imagination
Voilà un artiste, il faut bien l'avouer méconnu, que le Petit Palais nous invite à découvrir, peut-être à redécouvrir pour les plus chanceux. Oeuvrant dans la toute fin du XIXe et au début du XXe, il fait partie de ces "petits maîtres" aujourd'hui oubliés que certains musées prennent plaisir à mettre à l'honneur pour notre plus grand bonheur.
J'ai eu la chance de suivre la conférence inaugurale en présence de la commissaire d'exposition Maïté Metz et de monsieur Michel Ménégoz, spécialiste du peintre, ainsi qu'une visite guidée très intéressante pour en apprendre un peu plus sur cet artiste étonnant.
N'hésitez pas à y emmener les plus jeunes, lorsque j'ai fait la visite avec une de mes vieilles dames un mercredi après-midi, nous avons l'une et l'autre remarqué que les enfants semblaient beaucoup s'amuser, armés d'un fascicule et d'un crayon, et non d'une tablette comme c'est de plus en plus souvent le cas.
Allez, suivez-moi !
Parisien de naissance, fils d'un graveur et éditeur de livres d'art, il montre assez jeune des prédispositions pour le dessin ce qui incitera ses parents à le pousser dans les études artistiques. André Devambez suivra donc les cours de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, prix de Rome en 1890, et lui-même chef d'atelier aux Beaux-Arts de 1929 à 1937.
Il sera également peintre officiel du ministère de l'Air en 1934, peut-être grâce à cette invention magnifique, le Dirigeablobus, qui permet de passer au-dessus des travaux de la Place de l'Opéra ! Une invention qui aurait sûrement beaucoup de succès aujourd'hui tant Paris est envahi de travaux.
Passionné par les inventions de son époque, Devambez peint la modernité le métro, les dirigeables, les avions, avec autant de précision que de curiosité mais non sans une certaine fantaisie comme vous avez pu le voir.
Nombre de ses vues sont plongeantes, ce qui démontre sa grande originalité malgré son parcours très classique.
En bon parisien, Devambez ne manque pas de représenter les scènes de la vie comme ici les quais du métro, ça n'a pas changé, ou une vue, depuis le second étage de la Tour Eiffel, de l'Exposition industrielle de 1937.
Mais en fin observateur, Devambez n'hésite pas à mettre en scène des moments de l'histoire parisienne comme l'émeute que vous pouvez voir également ci-dessous.
Illustrateur pour des revues comme le Figaro Illustré ou l'Illustration, il laisse aller son imagination fantasque. Vous reconnaitrez Gulliver bien sûr !
Vous ne pourrez pas ne pas avoir noté l'acuité du regard de la photo qui ouvre cette page. Par sa formation académique, Devambez a acquis un talent de portraitiste qu'il mettra au profit des siens, sa mère mais aussi son épouse et ses enfants, Pierre et Valentine dont on retrouve les portraits tout au long de l'exposition, au milieu de quelques "trognes" du Paris de la nuit.
Même si les photos ne sont pas toujours très parlantes, je suis certaine que vous aurez remarqué la diversité dans les formats des œuvres. André Devambez est aussi habile dans les grands formats que dans les "Tout-Petits", ces oeuvres extrêmement petites qui se vendaient bien au moment des fêtes, et dans lesquelles il a représenté aussi bien des contes pour enfants que de petites scènes de genre. Il faisait d'ailleurs lui-même ses cadres.
Cette exposition m'a permis de découvrir ce peintre, dont j'avais pourtant sûrement vu des œuvres au MUDO à Beauvais mais sans m'y arrêter vraiment.
C'est un artiste attachant, un très grand travailleur qui modèle ses sujets en terre avant de les peindre, et n'hésite pas à retoucher jusqu'au dernier moment.
Attentif à sa famille, il ne se lasse pas de représenter ses proches et ira jusqu'à illustrer son propre conte pour ses petits-enfants : Auguste a mauvais caractère.
Une belle découverte et certainement l'expo la plus souriante de cette rentrée, les autres, vous le verrez sont souvent un peu sombres, tant dans les sujets que dans la tonalité.
André Devambez, Vertiges de l'imagination
Petit Palais jusqu'au 31 décembre 2022, en partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Rennes