Si on se laisse aller au désespoir, on finit mangé par les rêves qu’on a vécus de travers.
Didier van Cauwelaert à nouveau ! Je vous disais la semaine dernière que je n'avais pas chroniqué le prix Goncourt, ce qui était tout de même étrange d'autant que je l'ai lu deux fois, la première à sa sortie, en 1994, et la seconde en 2021 dans le cadre de ma collection des Goncourt. Mais la chronique était restée sans suite dans les brouillons, comme cela m'arrive quand je manque de liberté à consacrer au blog !
Un peu de temps sur l'ordinateur, un petit ménage de printemps et voilà que sort de l'oubli ce très beau roman, adapté au cinéma en 2001 avec dans les rôles phares, le regretté Jacques Villeret, Lorant Deutsch et Barbara Schultz.
Dans la bibliothèque, il est au rayon des livres récents, en bonne place entre le Rocher de Tanios d'Amin Maalouf, encore un que je n'ai pas chroniqué, quelle négligence, et le superbe Testament français d'Andreï Makine, encore un Goncourt oublié de mes chroniques mais un auteur qui apparaît ici pour le roman Une femme aimée que j'avais même oublié avoir lu à voix haute à maman en septembre 2013.
Au moment de ce prix 1994, Hervé Bazin était président du jury.
Quand on s'en va pour la première fois, on ne sait pas comment se retourner.
L'histoire, dont l'auteur dit qu'elle lui a été inspirée par un article du Journal officiel, est simple. Dans le cadre d'un coup d'éclat politique, le gouvernement décide de trouver un immigré sans papier à renvoyer chez lui. Le sort tombe sur Aziz petit délinquant marseillais prétendument marocain recueilli par des tziganes et qui se verra chaperonné par un attaché humanitaire dépressif chargé de le réintégrer dans son pays d'origine, guidé pour cela par une jeune aristocrate
Un article du Magazine Littéraire signé Serge Sanchez, en décembre 1994, nous dit ceci :
"La critique unanime a souligné l'humour et la virtuosité du Goncourt 94. Outre son style enlevé, force est de constater qu'Un aller simple est un livre inspiré qui traite sans hésitations de l'actualité la plus brûlante. Car sous l'apparence d'une fable désinvolte, c'est bien de la réalité qu'il s'agit, et de la plus dure."
Ces propos corroborent ceux que j'écrivais la semaine dernière, il y a une fantaisie sérieuse dans les textes de Didier van Cauwelaert qui n'hésite pas à traiter avec légèreté de lourds et graves sujets pour nous les rendre plus accessibles. Personnellement, j'aime beaucoup et ce Goncourt là fait partie de mes préférés incontestablement.
L'avez-vous lu ? Ou vu le film ?
C'était fou, le pouvoir d'une légende, quand on se donnait la peine d'y croire.
Et nos vies sont reparties sur la promesse de rien, peut-être, mais sur le bonheur de n'avoir pas gâché l'adieu. On savait qu'on se garderait intacts, à l'abri dans notre dernière seconde où on s'était compris, et c'était bon.