Charles Sandison, écrits sous le toit
Le musée départemental de l'Oise (Mudo) installé dans l'ancien palais épiscopal face à la cathédrale de Beauvais accueille depuis quelques mois et jusqu'au 31 décembre, Axis Mundi, une oeuvre contemporaine du britannique Charles Sandison.
C'est la charpente du XVIe siècle qui est "la toile" de cet artiste connu pour ses projections de mots générés par ordinateur. Plus de 14 mètres sous faîtage, 500 m2 au sol, le "grenier" du palais offre comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessus un magnifique espace.
L'oeuvre est constituée d'un réseau d'ordinateurs et de vidéoprojecteurs qui projettent dans l'espace des mots communiqués grâce à un programme. Je vous passe les détails techniques que vous devriez trouver sur le site de l'artiste.
Ce qui est intéressant ce sont les mots choisis. Les extraits de textes ont tous un lien avec le palais :
- poèmes en vers en anciens français de Jehan Régnier (enfermé dans une des tours du châtelet pendant la Guerre de Cent Ans) réunis dans un recueil Les Fortunes et adversitez (1526) ;
- extraits de la Description du département de l'Oise (1803) par le préfet Jacques Cambry ;
- essai de l'architecte Aymar Verdie au moment de la restauration du bâitiment vers 1855 ;
- description du palais dans Beauvaixs (1868) par Fanny Dénoix des Vergnes, femme de lettres de la ville de Beauvais ;
- et pour finir des données de l'inventaire du musée pour ancrer l'oeuvre dans son écrin.
Je connaissais la charpente pour l'avoir admirée souvent et j'étais très heureuse de pouvoir y retourner après une fermeture pour les travaux de restauration. Alors, quand je suis entrée et que sans avoir aucune idée de ce qui m'attendait je me suis retrouvée dans le noir avec une multitude de petits points lumineux qui couraient partout comme des bestioles prêtes à me tomber dessus... j'ai eu un sentiment de dégoût puis de colère !
Qu'était donc cet art contemporain qui me privait de la magnificence de la charpente...
Puis peu à peu les mots sont apparus.
Alors, j'ai flâné dans le grenier. Je m'étais habituée à l'obscurité même s'il faut dire que le mouvement permanent peut finir par être étourdissant. Intriguée, je suis ressortie pour trouver des explications et lire la plaquette que je venais de trouver à l'intérieur.
Et je suis retournée me plonger dans le noir éclairé par les mots.
L'idée de ces mots, peut-être prononcés sous cette voûte de bois au cours des siècles, qui nous étaient restitués ici me plaisait. Cela me plaisait même drôlement. "Girouette !" me diront certains, peut-être !
J'ai pris une fois encore conscience de la nécessité de connaître pour comprendre.
Sans explications, cette oeuvre magistrale ne me parlait pas. Avec quelques pistes, ce sont les poutres qui se sont mises à me dire l'Histoire.
Vous ne posez jamais votre oreille contre des vieilles pierres, ou contre la peau rugeuse d'un très viel arbre, pour qu'ils vous disent leurs secrets ? Moi si.