Le vitrail contemporain à la Cité de l'architecture
Il pleut, il fait gris, l'automne s'annonce ? Vite, vite, il est encore temps de vous rendre à la Cité de l'architecture pour faire le plein de couleurs.
Jusqu'au 21 septembre, La Cité de l'architecture et du patrimoine expose le vitrail contemporain.
Contemporain veut dire de 1945 à nos jours. Suite à la Seconde Guerre mondiale, de nombreux édifices religieux ont vu leurs vitraux dégradés voire anéantis. La question se pose alors de restaurer, refaire à l'identique, ou bien de proposer à des artistes contemporains de s'approprier les lieux et de leur donner un nouvel éclairage.
Des noms aussi connus que Chagall, Matisse, Soulage ou encore Braque et Le Corbusier apparaissent alors dans les édifices religieux, montrant que l'art du vitrail n'est plus réservé aux seuls croyants et que l'on peut également envisager des vitraux non figuratifs.
Enfin, l'évolution verra des bâtiments civils, publics ou privés, s'orner de vitraux rivalisant de couleur et de techniques.
Il va sans dire que faire accepter des vitraux contemporains dans des lieux aussi prestigieux et symboliques que Conques ou les cathédrales de Metz et de Nevers (1052 m2 de vitraux) ne s'est pas toujours fait sans quelques heurts et de nombreuses polémiques, mais l'aboutissement est là, dans une variété de démarches spirituelles ou purement esthétique et un déploiement de techniques qui évoluent bien sûr au fil des évolutions technologiques jusqu'à envisager un traitement informatique et l'utilisation de poudres de verres déposées en plusieurs passages par une imprimante sur du verre blanc (Gérard Collin-Thiébaut).
Carole Benzaken remporte le concours pour l'église Saint-Sulpice de Varennes-Jacy en 1998. Elle est très inspirée par Matisse et le motif végétal qui traduit selon elle "une foi luxuriante et sensuelle".
Avec les Ateliers Duchemin et Gilles Rousvoal, elle a travaillé en verres plaqués gravés à l'acide afin de réduire le nombre de plombs.
Les quelques exemples ci-dessus sont plutôt figuratifs. Ce n'est pas toujours le cas.
Ci-dessous, Composition de Serge Poliakoff, réalisé pour l'exposition Art français de Montréal en 1963.
Et ensuite, fragment de l'Eglise du souvenir à Berlin par le peintre verrier Gabriel Loire. Choix du "Bleu de Chartres", l'artiste associe un bleu outre-mer pour le mur extérieur à un bleu au cobalt pour le mur intérieur afin d'exploiter la "superposition des vibrations" et ainsi créer des nuances de grande richesse.
Enchevêtrement de lignes pour Composition de Maria Helena Vieira da Silva à l'église Saint-Jacques de Reims par les ateliers Simon Marq où l'artiste venait peindre elle-même sur le verre.
L'évolution des techniques offre aussi de nouvelles possibilités. Les artistes travaillent alors sur la qualité du verre, le grain mais aussi sa transparence ou son relief. Le verre peut ainsi être peint, imprimé ou moulé au gré des inspirations.
Les photos des verres moulés ne rendent rien, regardez seulement celles-ci, de l'église abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois en Loire-Atlantique. Pour évoquer le saint patron de l'église, Gildas invoqué pour la guérison des maladies mentales, l'artiste Pascal Convert, en collaboration avec le maître d'oeuvre Jean-Dominique Fleury et le verrier Olivier Juteau, utilise des photos d'enfants malades, les transposes en bas-reliefs de plâtres pour finir en ronde-bosse de cristal (selon une technique mise au point par René Lalique). Le résultat est surprenant. Personnellement, je trouve cela plutôt dérangeant.
"Ces vitraux, sans lien avec le récit biblique, montrent une Eglise engagée et soucieuse de dénoncer le sort de ces enfants devenis objets d'étude et condamnés par la société à une immense solitude au prétexte de travaus scientifiques."
Il y aurait encore beaucoup à dire, sur Matisse, Chagall et Soulage notamment, et à montrer, ce serait trop long.
Je ne peux qu'inviter les parisiens à aller voir cette exposition et pour ceux que ça intéresse, le catalogue de l'expo est très beau et très intéressant.
Pour conclure, une série d'images
George Ettl, l'Apocalypse - Atelier Thomas
Gérard Garouste, Le couronnement de la Vierge - Atelier Parot
Jean-Michel Alberola - La création du monde - Atelier Duchemin
Jacques Le Chevalier, pour le choeur de l'église Saint-Pierre de Borny - Atelier Le Chevalier