Il m'arrive de n'avoir ni vraiment le temps ni vraiment l'envie de chroniquer les livres un par un. Ce n'est pas nécessairement parce que je ne les ai pas appréciés à leur juste valeur, c'est aussi que j'en lis peut-être trop pour m'arrêter sur chacun, et que certains m'ont plus touchés que d'autres !
Donc comme j'ai pas mal de livres non encore chroniqués, aujourd'hui ce sera un petit mélange avec des choses très différentes.
Il était sept heures du matin quand elle s'interrompit et ferma le livre. La nuit commençait tout juste à se déchirer dans le ciel, au-dessus de la ville, des sons, les premiers bruits matinaux commençaient à lui parvenir par la fenêtre.
Trouver un livre de Nina Berberova chez les bouquinistes est toujours la garantie d'un moment agréable. Celui-ci ne déroge pas à la règle malgré une manière qui m'a semblé un peu confuse, mais ne serait-ce pas tout simplement là la "confusion des sentiments" pour reprendre le titre du superbe roman de Stefan Zweig !
L'histoire est simple, Véra voit ressurgir son enfance et son premier amour devant le cadavre de ce dernier, violoniste célèbre, qui vient de se donner la mort. Elle revit ses errements et ses choix pour s'interroger sur le bonheur.
Une lecture agréable avec, comme souvent dans la littérature russe, de la poésie, de la musique et des excès de rires et de larmes ! Je succombe toujours à ce charme là !
Sans le savoir, elle [Tristane] accumulait depuis près de dix-huit ans des mots d’amour qui ne demandaient qu’à se déverser. Elle en avait dit, pourtant, de tels mots, à sa sœur. Les écrire n’avait rien à voir. Il s’agissait d’une autre fonction du langage. C’était comme chanter après avoir longtemps parlé. Le chant provenait d’une voix autre qui engageait l’âme.
Peu habituée aux romans d'Amélie Nothomb, j'ai retrouvé dans Le Livre des sœurs le même plaisir que dans Premier sang, lu l'an dernier. Je n'avais rien lu depuis ma déconvenue avec Hygiène de l'Assassin à sa sortie en 1992…
La lecture facile, légère malgré le sujet parfois sombre a rendu cette lecture rapide et agréable.
L'auteure nous entraîne dans un univers aussi fantasque qu'excessif, permettant de faire la lumière sur des évocations d'une grande sensibilité. J'ai particulièrement aimé la référence à la correspondance entre les deux soeurs. C'est si beau une correspondance !
Entendre les deux sœurs Nothomb, Juliette et Amélie, parler de leur parcours à la Grande Librairie m'a donné envie de lire ce livre et je n'ai pas été déçue. Je n'ai pas cherché à les identifier, Amélie Nothomb a d'ailleurs bien précisé qu'elle avait fait un savant mélange pour brouiller les pistes.
Etes-vous de ces lecteurs qui cherchent toujours l'auteur dans ses livres ?
Le vrai problème ce n'est pas les vies que l'on regrette de ne pas vivre. C'est le regret même. C'est le regret qui nous fait nous recroqueviller sur nous-même, nous ratatiner, et nous sentir comme notre pire ennemi et celui des autres.
Pour être honnête, je suis tombée sous le charme de la couverture ! Si j'avais été plus curieuse de la page 4 de couverture, je ne sais pas si je me serais lancée dans cette lecture !
Cela vous arrive-t-il de vous laisser séduire par une couverture ?
Nous flirtons ici avec le fantastique, et ce n'est très sincèrement pas un genre que j'affectionne. Pourtant, malgré mes réticences pour ce genre, j'ai lu ce roman avec un certain plaisir. Il faut parfois prendre des chemins de traverse, non ?
L'histoire est simple, Nora Seeds dont la vie est un échec, se retrouve un soir dans la bibliothèque de minuit, face à la bibliothécaire qui dans ses années lycées a toujours été bienveillante à son égard. Et elle découvre là qu'elle peut choisir la vie qu'elle pense avoir laissé passer à un moment donné. Elle se trouve donc propulsée dans des vies qu'elle aurait pu vivre, charge à elle de trouver avant minuit LA vie qui lui permettra de répondre à la question : qu'est-ce qu'une vie heureuse ?
C'est drôle, en écrivant ces lignes je réalise le lien qui pourrait être fait avec Le livre du bonheur dont je parlais plus haut ! Aucun lien entre les deux ! C'est un pur hasard, vous l'aurez compris !
Un roman étrange mais finalement pas désagréable pour un moment de lecture détente.
Les mots ont le pouvoir qu'on leur donne
Nina Berberova, Le Livre du bonheur - Actes Sud 1996 (publication posthume) traduction par Cécile Térouanne
Amélie Nothomb, Le Livre des sœurs - Albin Michel 2022
Matt Haig, La Bibliothèque de minuit - Mazarine