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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny

Publié par Parisianne sur 3 Avril 2020, 15:30pm

Catégories : #Lecture

François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny

Encore Romain Gary, me direz-vous ! En effet, mais cette fois, à travers un livre que je voulais vous présenter depuis longtemps mais vous savez comme moi qu'il y a peu, le temps courrait bien plus vite que nous et qu'il était pour beaucoup impossible de le rattraper.

Aujourd'hui, il s'est arrêté douloureusement pour certains, brutalement pour d'autres mais arrêté pour tous ou presque à travers le monde. C'est effroyablement vertigineux quand on y pense. Et j'espère que vous tous qui passez silencieusement sur ces pages, êtes à l'abri autant que possible.

Il y avait parmi [les voisins] un certain M. Piekielny [...] M. Piekielny ressemblait à une souris triste, méticuleusement propre de sa personne et préoccupée. ; il avait l'air aussi discret, effacé, et pour tout dire absent, que peut l'être un homme obligé malgré tout, para force des choses, à se détacher, ne fût-ce qu'à peine, au-dessus de la terre.
[...]
- Quand tu seras... tout ce que ta mère à dit.
[...]
- Eh bien ! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire...
Une flamme d'ambition insensée brilla soudain dans les yeux de la souris.
- Promets-moi de leur dire : au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny.

Romain Gary, La Promesse de l'aube, chapitre VII

François Henri-Désérable est un jeune auteur mais pas un débutant. Je l'ai pour ma part découvert à l'occasion d'un concours de nouvelles et pour être tout à fait honnête, je craignais de trouver dans ses écrits un côté un peu savant qui ne m'attirait pas particulièrement.

J'ai donc, sans véritable raison, ou plutôt sans raison fondée, boudé ses premiers ouvrages, et traîné avant de succomber à la gourmandise !  

La référence à M. Piekielny pourtant ne pouvait me laisser indifférente très longtemps. Et soit FH Désérable ne maîtrise pas l'art de "décourager les cons", soit je n'appartiens par totalement à cette dernière catégorie, bénéfice du doute dans les deux cas, mais j'ai tout de suite été aspirée par ce texte et j'ai pris un plaisir infini à suivre l'auteur sur les traces de M. Piekielny et donc de marcher dans les pas de Romain Gary. Je me suis également amusée aussi à la lecture des diverses incursions de l'auteur dans sa propre vie. Le ton est finalement très léger malgré une quête sérieuse et un récit documenté.

Pour avoir eu la chance de dîner aux côtés des parents de l'auteur lors d'une remise de prix à laquelle il n'avait pu se rendre lui-même, étant à ce moment là au Canada, si ma mémoire est bonne, pour une compétition de hockey sur glace (je vous rappelle que ce jeune homme était joueur de hockey professionnel), je garde le souvenir très précis de sa maman et le parallèle avec Mina Kacew, forcément, m'a fait sourire.

Image du net, plaque de Vilnius

Image du net, plaque de Vilnius

Qui est M. Piekielny ? A t-il réellement existé ? Gary a t-il simplement inventé le personnage et son étrange requête ? Rien n'est sûr mais après tout quelle importance, l'histoire est belle et les deux conteurs, chacun dans leur genre savent nous entraîner et nous interroger. C'est, à mes yeux en tout cas, l'essentiel.

Le roman de FH Désérable est riche de nombreuses références à l'oeuvre de Romain Gary, et les échos sont nombreux.

[...] il m'a joué du silence sur son violon minuscule.

La Vie devant so

En feuilletant mes livres de Romain Gary ces derniers jours, je suis tombée sur cette très belle phrase que j'avais soulignée dans La Vie devant soi.

Oui, j'ai une manie, j'écris beaucoup dans mes livres, toujours au crayons, je souligne, je prends des notes en marge, j'inscris les définitions des mots que j'ai cherchés dans le dictionnaire, et je mets la date de lecture et un commentaire sur la première page.

 En retrouvant cette phrase, le rapprochement avec un très beau passage du livre de François-Henri Désérable a été immédiat. Je ne résiste pas à vous mettre la citation pour terminer le sujet.

 

Dans sa jeunesse, il en avait joué, du violon, M. Piekielny, avec une véritable frénésie, et puis il avait fallu se tuer à la tâche pour gagner de quoi vivre, [...] il n'avait plus eu que la nuit pour s'adonner à son passe temps favori, or chacun sait que la nuit les gens dorment. Alors il sortait son violon de l'étui [...] tendait les crins de l'archet, se plaçait face au pupitre devant la fenêtre ouverte sur le ciel étoilé, puis ayant calé la base de l'instrument dans son cou,[...], il jouait [...] mais jamais un son n'en sortait : jamais la mèche de l'archet ne touchait les cordes du violon qu'il avait retourné à dessein.

Si vous aimez Romain Gary, et que vous connaissez un peu son oeuvre, lisez Un certain M. Piekielny. Et si vous n'avez pas lu Gary, lisez Un certain M. Piekielny, il vous conduira tout droit vers la bibliothèque pour y trouver les oeuvres de Romain Gary ! Ne vous l'avais-je pas dit : tous les chemins mènent à Gary !

Alors il s'abandonnait dans la voluptueuse mélodie du silence, passant et repassant la mèche de l'archet sur le bois vernis du violon, jouant pour de faux mais regardant pour de vrai les étoiles.

Alors regardons les étoiles...

Il ne faut pas avoir peur du bonheur, tu sais, c'est seulement un bon moment à passer.

Romain Gary

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Q
Comme je relis en ce moment d'anciens livres de ma bibliothèque, je vais forcément tomber sur Gary...<br /> Merci pour le partage de ce livre-ci.<br /> Passe une douce journée et prends bien soin de toi.
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