Se rendre au théâtre est toujours une fête mais le charme de certains lieux rend le plaisir encore plus grand. C'est le cas du Théâtre de l'Atelier, niché au coeur de Montmartre, à deux pas du Sacré Coeur et de la place des Abbesses. Alors si, en plus, la représentation associe théâtre et musique la soirée ne peut qu'être belle.
Gould Menuhin, sur une idée d'Ami Flammer, mise en scène Charles Berling, Christiane Cohendy avec Ami Flammer, Charles Berling et Aurélie Nuzillard.
Vous connaissez tous l'acteur Charles Berling, certains connaissent sûrement le violoniste Ami Flammer, Premier Prix de violon au conservatoire national de Paris en 1969 dont le parcours musical fait rêver.
Dans cette pièce, Charles Berling et Ami Flammer dialoguent et jouent, jouent et dialoguent, se racontent et nous racontent la vie et la rencontre de ces deux immenses musiciens que furent le violoniste américain Yehudi MENUHIN (1916-1999) et le pianiste canadien Glenn GOULD (1932 - 1982).
Dans une mise en scène très originale, avec pour décor un studio d'enregistrement dont le fond nous montre des images d'archives, les deux artistes accompagnés de la jeune Aurélie Nuzillard (tantôt journaliste, tantôt épouse Menuhin) confrontent le talent et les différences fondamentales entre le violoniste homme de scène et le pianiste homme de studio.
Yehudi Menuhin, débute le violon alors qu'il est encore très jeune et par un travail acharné devient vite un virtuose. Il n'a que 10 ans lorsqu'il vient donner un premier concert à Paris en tant que premier violon de l'Orchestre Lamoureux. L'année d'après, il interprête le triple concerto de Beethoven avec le New York Symphony Orchestra, sa carrière est lancée et tournée vers le public. Il voir l'art, et la musique en particulier, comme un moyen de rapprocher les hommes, ce qui lui vaudra de nombreuses critiques lorsqu'il jouera aussi bien pour les troupes américaines que pour des blessés allemands.
Ami Flammer nous présente le virtuose et fait parler ses souvenirs et son coeur autant que son violon, il se met parfois dans la peau de Menuhin mais est le plus souvent un narrateur convaincant et passionné.
Glenn Gould a également commencé très tôt la musique, il est réputé pour ses interprétations très personnelles et son attitude excentrique. Dans les années 50, il participe à des concerts pour finalement abandonner totalement la scène en 1964 afin de se consacrer presque exclusivement à des enregistrements en studio, partant du principe qu'on ne savoure jamais si bien la musique que seul chez soi pour ne pas se laisser perturber par la mise en scène.
Si Charles Berling, contrairement à Ami Flammer, n'interprête pas réellement la musique au piano, il n'en est pas moins totalement en phase avec le personnage de Gould dont il imite parfaitement les mimiques et la gestuelle de cet artiste original.
Au début un peu déconcertés par cette alternance entre le dialogue entre Charles Berling et Ami Flammer et la mise en scène d'instants de la vie des musiciens, on se laisse vite prendre au jeu et cette partition à quatre voix se joue devant nous pour notre plus grand plaisir.