Gertrude Stein, Pablo Picasso L'invention du langage au musée du Luxembourg

Publié par Parisianne sur 22 Septembre 2023, 08:42am

Rose is a rose is a rose is a rose

Gertrude Stein, Sacred Emily 1913

Ils opèrent une déconstruction de la syntaxe, pour la poète, et de volumes et plans, pour le peintre, aboutissant à l'éclatement final de la phrase et de la forme.

Extrait du carnet d'expo Découverte Gallimard

Le Musée du Luxembourg ouvre la saison des expositions avec Gertrude Stein, Pablo Picasso, L'invention du langage, sous le commissariat de Cécile Debray, présidente du Musée national Picasso-Paris et Assia Quesnel spécialiste en histoire de l'art.

Gertrude Stein (1874-1946) juive américaine homosexuelle (je sais que la religion et l'orientation sexuelle ne sont pas une manière de donner une identité mais c'est important surtout à cette époque) est, avec son frère Léo, très attentive à l'avant-garde artistique et n'hésite pas à acheter des œuvres scandaleuses de Matisse et de Picasso, mais elle est aussi écrivain, et cherche à travers son écriture écriture poétique une forme de déstructuration du langage qui la rapproche finalement des recherches picturales de Picasso.

Nous sommes à Paris en 1905-1906.

Picasso (1881-1973), que l'on ne présente plus est, lui-même, arrivé à Paris en 1902, cinq ans avant de créer le mouvement cubiste avec Georges Braque.

Ils ont en commun un statut d'étranger (ils sont nombreux à Paris à cette période), le goût de la modernité et un profond respect pour le travail et les recherches de l'autre. Certains historiens de l'art n'hésitent pas à parler à leur propos de "coup de foudre amical".

Picasso vit à Montmartre dans un certain dénuement, Gertrude Stein pour sa part, vit rue de Fleurus, près du Luxembourg. Rentière sans être fortunée, elle sais acheter des œuvres d'artistes encore méconnus ou incompris comme Cézanne, Picasso et Matisse mais aussi Georges Bracque ou Juan Gris pour ne citer que les quelques exemples que vous pouvez voir dans les photos ci-dessous.

Après cette présentation de ces deux artistes bien ancrés dans la modernité naissante, le propos de l'exposition se porte sur l'influence que leurs recherches auront sur les différentes expressions artistiques des années d'après-guerre et en particulier sur l'avant-garde américaine.

Ne vous y trompez pas, ce n'est pas une exposition Picasso, Gertrude Stein lui vole ici la vedette, et si la première partie nous montre vraiment la similarité de leurs recherches, la suite nous offre un regard riche et intéressant - bien qu'un peu déroutant pour nombre de visiteurs que j'ai pu croiser - sur l'empreinte laissée par Gertrude Stein, dont je vous montre ci-dessous un autre portrait qui plaît énormément aux enfants.

Nam June Paik, Gertrude Stein 1990

L'art minimal pose la question de la définition de l'art et de ses pratiques affirmant le primat de l'idée et de l'environnement de l'œuvre plutôt que de sa réalisation : ce qui permet à l'art d'être art". Cela ouvre à une multitude de formes artistiques qui intègrent des moyens alternatifs tels que le langage et le discours, l'action corporelle, le son, les chiffres, la documentation non artistique ou l'architecture. Certains comme Kosuth défendent une vision tautologique et littérale de l'art, à savoir "l'art est la définition de l'art".

Extrait du carnet d'expo Découverte Gallimard

John Cage: Living room music (1940)

https://www.youtube.com/watch?v=AVsqWiUop0U

John Cage, Living room music, 1940 Partie II sur un texte de Gertrude Stein à partir d'1'28

Joseph Kosuth, Self-Defined in Five Colors, 1966, néons

Les moyens d'expression utilisés sont, comme vous pouvez le voir à travers mes photos, mais également en écoutant l'extrait musical de l'œuvre de John Cage, d'une grande diversité. Je serais bien incapable de vous expliquer chacune des recherches initiées par les différents artistes, tant dans les arts plastiques que dans le théâtre et la danse mais le champs est vaste et la notion d'insistance, de répétition bien présente, c'est surtout flagrant à l'écoute des textes.

Il est toutefois intéressant de se pencher attentivement sur toutes ces quêtes d'expression et sur la manière dont Gertrude Stein est, aujourd'hui, remise sur le devant de la scène par notre société qui affirme librement ses différences.

Je vous le disais en démarrant cet article, en tant que juive dans une époque tourmentée, elle n'a eu de cesse de soutenir les minorités, en l'occurrence les noirs américains, mais en tant que lesbienne, partageant la vie d'Alice Toklas, dans un temps où l'homosexualité était un tabou, elle est également érigée en modèle et présentée comme une véritable féministe.

Une exposition très intéressante et qui peut poser un certain nombre de question sur notre rapport à l'art. Personnellement, j'ai aimé être dérangée, agacée et j'ai lu avec beaucoup d'attention le carnet d'expo. Mais comme je l'ai déjà évoqué, lors de mes deux visites de cette exposition, la première seule et la seconde pour accompagner une de mes "Vieilles Dames", quelques échanges avec des visiteurs m'ont permis de constater que nombreux étaient ceux qui restaient dubitatifs, plusieurs parce qu'ils espéraient une nième expo Picasso, je pense !

Soyez curieux, allez-y !

Pour finir, une petite devinette, clin d'œil à Yann, who's who ?

Dans ces portraits d'Andy Warhol, vous devriez reconnaître plusieurs visages très familiers. Je ferai un post avec les réponses dans quelques jours.

En attendant, je vous invite à écouter le reportage dans lequel Assia Quesnel explique mieux que moi le contenu de cette riche exposition peut-être pas accessible à tous mais que toute personne curieuse devrait apprécier.

Andy Warhol, Ten portraits of Jews of the Twentieth Century, 1980

https://www.youtube.com/watch?v=RfXpUNfnn_Q

Anne-Sophie Prost, Sur le fil

Tatiana Arfel, L'Attente du soir

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Bonheur du Jour

28/09/2023 06:37

Elle doit être super, cette exposition ! Un peu loin pour moi, hélas...

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yannn

25/09/2023 17:07

Le 4 sur la ligne 2, peut-être Sigmund Freud. Yann

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yannn

25/09/2023 10:38

Première ligne n°4 .... Albert E. Deuxième ligne n°3 .... Les frères Marx, Groucho et autres. Comme j’aurais aimé en trouver d’autres. Faudrait peut-être une deuxième version où tu donnes la première lettre du personnage. À très vite. Yann

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Quichottine

23/09/2023 09:37

Je ne suis pas certaine de pouvoir y aller, mais tu en donnes envie. Bises et douce journée Anne. (Je suis toujours en pause)

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Dominique

23/09/2023 09:02

Ton post est vraiment riche et excellent J’ai appris plein de choses je ne verrai pas l’expo mais j’ai eu du plaisir

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