Lettre morte
Le bonheur d’une lettre ne viendra plus déranger l’araignée besogneuse installée en bonne place, dans ce réduit un peu vieillot avec balcon sur rue.
Hélas, de lettres nous ne recevons plus !
Que sont devenues nos attentes, l’espoir d’une missive du bout du monde ou du bas de la rue, un mot doux griffonné, une carte de vœux pour un anniversaire, ou juste une pensée.
Qu’il était doux ce moment où l’on s’emparait de l’enveloppe, attentifs au cachet de la Poste qui disait la provenance, à une écriture à deviner ou savourer, à la beauté d’un timbre.
L’attente. N’était-ce pas le plus beau moment de la correspondance ? Compter les jours jusqu’à la réponse, espérer, préparer les choses à dire aux correspondants les plus réguliers pour ne rien oublier.
Et écrire… laisser le papier absorber la sève des mots, la plume chanter, l’esprit voyager pour un partage d’instants magiques.
Ecrire pour le geste de la main tendue.
Ecrire pour être écouté en silence.
Lire pour deviner une voix lointaine.
Il est beaucoup question de changements dans les services postaux aujourd'hui. Ce n'est pas surprenant, même le percepteur ne nous écrit plus !
Je suis une nostalgique de l'écriture manuscrite (même si je la pratique moi-même beaucoup moins et toujours avec le stylo de ma grand-mère), mais je suis aussi une nostalgique de la correspondance. Avez-vous beaucoup écrit ?
J'ai eu la chance d'avoir de nombreux correspondants dans mon adolescence, en Allemagne et aux Etats-Unis, pour la pratique des langues, et nous sommes toujours en contact. Même si notre adolescence est un lointain souvenir, les liens tissés avec les mots ne se sont jamais distendus ! L'époque de l'adolescence a également été une période riche de très nombreuses lettres avec mes copines, nous avions beau nous voir tous les jours, il y avait toujours à dire. Puis les mots doux échangés, mais ça c'est top secret !
Plus tard, des partages très riches avec des amies parties comme jeunes filles au pair, des amis partis en coopération pendant leur service militaire, un ami engagé, envoyé sur des zones de conflits à qui j'écrivais chaque semaine et qui me répondait quand il pouvait sur ce qu'il pouvait (j'ai des lettres sur des morceaux de carte d'état major, chut !).
J'ai presque tout gardé, c'est tellement plus agréable de mettre son nez dans ces vieux papiers que dans un répertoire d'ordinateur !
Et vous, quel est votre rapport à la correspondance ?