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Les musardises de ParisiAnne

Les musardises de ParisiAnne

Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


Bernard Chambaz, La Peau du dos

Publié par Parisianne sur 8 Janvier 2023, 18:00pm

Catégories : #Lecture

Photo Anne Lurois-Delassise

Photo Anne Lurois-Delassise

Découverte de cet auteur que je ne connaissais pas, romancier, poète, historien, prix Goncourt du premier roman en 1993 pour L'Arbres de vies chez Françoise Bourin, entre autres, je ne les citerai pas tous.

Bernard Chambaz a également participé en 2020 à l'expérience Ma nuit au musée, il a en tiré un livre Ephémère, pour sa nuit passée à côté de Parme, au musée Franco Maria Ricci.

Je ne l'ai pas lu et ne connais pas ce musée, donc n'hésitez pas à apporter en commentaire des informations si vous en avez, et des conseils de lectures d'autres livres de cet auteur aussi !

Pendant quelques secondes, son chiffon entre les mains, Auguste regarda le type assis sur le rebord d'un rocher de l'autre côté de la clairière. Depuis un bon quart d'heure, l'homme n'avait pas bougé, il se retournait régulièrement comme si un sanglier ou Dieu sait quoi pouvait débouler dans son dos et il semblait en proie à des pensées sombres. [...]
Auguste avait d'autres sujets d'intérêts et il ne prêta plus attention à ce type qui avait l'air d'un ouvrier en rupture de ban. Il continua un moment à essayer de peindre la clairière, il chercha une nuance de jaune qui correspondait à cette heure mais il n'y parvint pas. Par réflexe, il observa les confettis de lumière sur les feuilles des hêtres [...]

Vous aurez peut-être deviné avec la référence aux "confettis de lumière" et avec l'Autoportrait de couverture de ce roman, Auguste Renoir (1841-1919) est l'un des deux protagonistes de ce livre. C'est d'ailleurs ce qui m'a attirée quand j'ai lu la page quatre de couverture.

La poésie de l'écriture rend parfaitement la quête de lumière de l'artiste, c'est un des points forts de cet ouvrage à l'écriture très agréable et poétique... trop peut-être !

Nous rencontrons ici un Renoir jeune, pas encore connu et déjà passionné par son art qui fait de lui un observateur de ce qui l'entoure.

Raoul se présenta brièvement. Il arrivait de la gare de Fontainebleau, il avait cheminé, un peu au hasard mais plein sud, et, bien qu'il eut l'habitude de beaucoup marcher, il s'était arrêté là parce qu'il avait mal aux pieds. Malgré sa barbe de prophète, il ne devait pas avoir trente ans et, à ses mains, ce n'était sûrement pas un ouvrier. Auguste comprit encore, à demi-mot, que Raoul ne savait pas où dormir la nuit prochaine, et - aussi - qu'il préférait éviter les pandores.*

Raoul, c'est Raoul Rigault (1846-1871), journaliste et homme politique acteur de la Commune de Paris, fusillé par un sergent versaillais le 24 mai 1871.

Les deux hommes se seraient vraiment rencontrés, les deux anecdotes racontées par l'auteur, rencontre en forêt de Fontainebleau puis à Paris à la préfecture où Renoir a été conduit parce que considéré comme espion à la solde des Versaillais alors qu'il peignait sur les bords de Seine, sont des faits réels. Le reste est belle broderie d'auteur, ce qui ne gâche rien au plaisir.

Les faits se déroulent donc à la fin de la guerre de 1870 et pendant la Commune de Paris, période très agitée et violente que Renoir, qui n'a manifestement jamais cherché à s'engager politiquement, survole alors que Rigault est un acteur.

On évoque la mort tragique de Bazille, grand ami du peintre, on croise quelques figures caractéristiques de l'époque, on entre au Louvre à sa réouverture après la guerre, ... on... 

Et voilà, "on" pour signifier que malgré la beauté indéniable de l'écriture, j'ai eu un sentiment de distance entre l'auteur et ses personnages.

La maîtrise des sujets, art et histoire, est évidente, je vous disais d'ailleurs en démarrant que Bernard Chambaz était poète et historien, mais voilà, je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, pas d'émotion pour moi dans ce texte malgré la lumière des tableaux décrits. Et finalement, je l'ai lu presque plus comme un essai que comme un roman. Donc beau texte mais petite déception.

L'avez-vous lu ? Votre avis m'intéresse !

Au carrefour de deux routes, il s'assit sur une vieille table de vénerie, posa sa planche à dessin contre le tronc incliné d'un frêne, fixa une première feuille de papier avec une pince, respira longuement et se lança. Une deuxième, une troisième feuille suivirent, il s'émerveillait qu'un simple coup de crayon fît surgir la lumière, il s'agaçait d'un geste loupé, il recommençait, complètement absorbé parce qui se tramait entre sa feuille de papier et les frondaisons qu'il avait sous les yeux, obéissant à sa main comme si elle était la providence.

Bernard Chambaz, La peau du dos Editions du sous-sol

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E
Bonjour Anne. Je ne l'ai pas lu et je ne suis pas tentée. Bonne journée et bises
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M
Bonjour Anne, <br /> je ne me sens pas très tentée. Une autre fois, peut-être?<br /> Bises<br /> Bon après-midi,<br /> Mo
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D
j'aime bravo
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E
Je n'ai pas lu ce livre et à la lecture de ta chronique, je crois que je vais m'astenir... Ma pile de livres à lire est tellement haute !<br /> Bonne semaine et bises.<br /> Amitiés.
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