Alain Emery, Horn
Alain Emery, vous le connaissez, vous savez que non seulement c'est un auteur de talent, nombre de ses livres ont fait l'objet de publications sur ces pages, mais que c'est surtout pour moi un ami, un modèle et celui qui a eu la gentillesse de poser ses mots sculptés sur mes photos dans notre livre commun, Cette seule voix.
Vous ne serez donc pas surpris que je revienne vers vous pour parler de ce superbe nouveau court roman, Horn, qui vient de paraître aux éditions Terres du couchant.
Après coup, l’homme qu’on devient glisse un peu de lui-même dans les blessures des autres et le jeu qui se dévoile à lui, carte après carte, est tout bonnement faussé.
Horn, ce n'est pas un voyage au long cours, c'est un retour aux sources pour la traversée mouvementée d'une histoire familiale marquée par la guerre, ses drames et ses silences qu'il convient parfois de faire rugir.
On dit que l'absence laisse un goût sur les lèvres. Sur les miennes flottait une inqualifiable amertume.
C'est cette amertume aux lèvres que le narrateur revient vers la mer de son enfance, une lettre froissée au fond de la poche ; une lettre ressurgie d'un passé destructeur.
Le sang farouche qui coulait dans ses veines l’avait poussé au sacrifice et, le reste du temps, l’avait condamné au silence. L’océan l’avait appelé et continuait de le réclamer.
Avec son talent de poète et de narrateur, Alain Emery nous entraîne dans la quête de vérités.
C'est ciselé. C'est fort jusqu'à la chute inattendue, devrais-je dire inespérée ?
Un roman court à lire et à relire.
A un journaliste qui me demandait d’où venait ma vocation d’écrivain, j’ai répondu qu’elle avait vu le jour ici, face à cette immensité têtue et indifférente à mon sort, dans ce vent large et impétueux qu’il m’était arrivé une fois où deux, beaucoup plus tard, de comparer à une monture. Je ne crois pas avoir menti.
Pour prolonger un peu la gourmandise des mots, Alain nous offre ensuite une nouvelle, Trois Géants, autre plongée dans un univers d'hommes de mer autour de l'adieu au capitaine. Des portraits rugueux, comme Alain sait si bien les écrire.
C'est aux éditions Terres du couchant et c'est à consommer sans modération.