Tokyo Paris, voyage pour les yeux à l'Orangerie
Chose promise...
S'il est une expo à voir à Paris en ce moment, si vous avez déjà fait 21 rue la Boétie qui se termine le 23 juillet, Jardins au Grand Palais (24 juillet) et Rodin l'expo du centenaire (31 juillet), bien sûr, c'est celle qui se tient à l'Orangerie jusqu'au 21 août, ça vous laisse un peu de temps.
Tokyo Paris réunit les chefs-d'oeuvre de la collection du Bridgestone Museum of Art, il s'agit de la collection de la Fondation Ishibashi. Quel rapport entre les pneus et l'art me direz-vous ? Un homme ! Shôjirô Ishibashi (1889-1976) qui alors qu'il s'apprête à reprendre l'atelier de confection paternel se tourne vers le caoutchouc et se lance dans la fabrication de pneus. Au moment de l'ouverture du Japon au monde, l'entreprenant entrepreneur occidentalise son nom de famille ishi "pierre", bashi "pont" devient Bridgestone, l'entreprise prospère et son heureux fondateur s'intéresse à l'art occidental, particulièrement à l'impressionnisme. Nous sommes plus habitués à parler du phénomène inverse, observez les nombreuses références au Japon dans les oeuvres de la même époque !
De nombreuses oeuvres d'artistes japonais contemporains d'Ishibashi rejoignent ses collections et nous sont présentés ici, on constate aisément le style occidental dans les oeuvres de Hanjitô Sakamoto et Takeji Fujishima. Je n'ai pas de photo, beaucoup trop de monde dans la première salle, il vous aller voir sur place :)
La suite de l'exposition nous offre un parcours dans l'histoire de l'art, de nombreux impressionnistes, Monet, Renoir, Caillebotte, Degas, mais bien d'autres aussi plus ou moins proches du mouvement viendront enrichir les collections au fil des années et des générations puisque les héritiers d'hishibashi poursuivent leurs achats d'oeuvres. On peut donc voir le seul autoportrait en pied de Manet mais aussi un Cerf courant dans la neige de Courbet ou La Traite des vaches à Gréville de Millet ainsi que des toiles de Sisley et Pissarro.
Le postimpressionnisme est également représenté par de magnifiques Cézanne, dont un autoportrait et une Montagne Saint-Victoire, mais également Gauguin, Van Gogh et Gustave Moreau.
On entre ensuite dans la modernité avec Signac, Dufy, Rousseau, Soutine, Modigliani, Picasso puis Matisse, Mondrian, Klee, et je n'ai pas parlé des sculptures ! On peut voir des oeuvres de Rodin, Bourdelle, Zadkine mais aussi un Baiser de Brancusi. Bref, presque tous sont là dans un parcours chronologique qui nous conduit ensuite à l'abstraction avec quelques artistes japonais et bien sûr Pollock, Soulage et d'autres que j'oublie.
Un parcours riche et un plaisir immense.
J'ai pour ma part découvert avec émotion un Toulouse-Lautrec Au cirque dans les coulisses, traité en grisaille, simplement superbe.
Alors n'hésitez pas, profitez des vacances avant que tous ces chefs-d'oeuvre ne rentrent au Japon pour n'en pas ressortir de si tôt, où que vous soyez, Paris reste moins loin !