Sylvain Tesson, La Panthère des neiges
Avec Munier, je commençais à saisir que la contemplation des bêtes vous projette devant votre reflet inversé. Les animaux incarnent la volupté, la liberté, l'autonomie : ce à quoi nous avons renoncé.
Si vous suivez un peu l'actualité littéraire, et culturelle, vous aurez forcément entendu parler de ce merveilleux livre. Sylvain Tesson, et Vincent Munier sont présents dans les magazines, les revues, les radios pour évoquer cette expérience qui en ferait rêver plus d'un : partir sur les plateaux du Tibet à la rencontre de la panthère des neiges.
Sylvain Tesson dont j'ai parlé dernièrement à propos de son hommage à Notre-Dame, est présenté comme un écrivain voyageur, un arpenteur frénétique du monde.
On pouvait s'échiner à explorer le monde et passer à côté du vivant.
Lorsque le photographe animalier Vincent Munier lui propose de se joindre à la petite expédition qu'il prépare, Sylvain Tesson n'hésite pas.
Bien au-delà de l'attrait d'une rencontre avec un animal rare et magnifique, c'est une véritable expérience spirituelle que l'auteur décrit dans ces pages. Les conditions extrêmes (-30°), le silence imposé par l'affût, l'éventualité de ne rien voir nécessitent une force intérieure que Sylvain Tesson ne se soupçonnait apparemment pas. Il a pourtant été capable de partir seul dans des conditions difficiles, voire dangereuses. La différence semble être dans la façon d'aborder l'épreuve. Et d'en sortir grandi après s'être confronté à soi-même et à ses fantômes. La panthère prend ici parfois le visage de la mère trop tôt disparue, et de la femme aimée, en allée.
Apprendre à regarder, à écouter et à se taire. Dans ses nombreuses interventions, l'auteur s'amuse à précisé qu'il n'est pas nécessaire de se rendre sur les hauts plateaux du Tibet pour le faire ! Alors à nous de jouer !
Observons, rêvons, et surtout écoutons...
... on ne blesse pas un songe avec des bavardages.
Lorsque Sylvain Tesson fait parler Vincent Munier, ce dernier semble se justifier. La citation que je vous mets ci-dessous m'a frappée. Je rejoins tellement cette idée, défendre la nature en montrant ses beautés fait partie du combat.
On m'en veut d'esthétiser le monde animal, se défendait-il. Mais il y a suffisamment de témoins du désastre ! Je traque la beauté, je lui rends mes devoirs. C'est ma manière de la défendre.
Laissez-vous porter par ce livre, vous ne regretterez pas le voyage.
Définition du regard artistique : voir les fauves cachés derrière les paravents banals.