Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, de Jean-Christophe Rufin, éditions Guérin.
Ce Chemin là gardera pour moi une saveur particulière, non pour l'avoir parcouru réellement mais simplement parce que j'ai lu ce livre à voix haute, pour le partager avec une personne qui m'est particulièrement chère et qui se trouve dans l'incapacité de lire. Et nous avons toutes deux apprécié ce cheminement, extrêmement bien écrit, merveilleusement décrit.
On ne présente plus Jean-Christophe Rufin, on ne présente pas le pélerinage de Saint-Jacques de Compostelle mais la rencontre des deux ne peut laisser indifférent. L'auteur nous donne à voir ici non seulement le chemin mais également son chemin, avec un regard tantôt critique, tantôt admiratif mais toujours vif et souvent drôle.
De belles rencontres, de magnifiques descriptions, un cheminement intérieur très riche, voilà de quoi offrir un très beau moment de lecture.
Au-delà de l'idée du pélerinage en lui-même, qui pourrait rebuter certains, c'est à une véritable introspection que nous invite l'auteur, en posant simplement la question de ce que l'on doit mettre dans sa mochila, entendez par là sac à dos que le pélerin marcheur allège chaque jour davantage. Cette façon de se départir de certaines affaires jugées indispensables au début du Chemin, offre une véritable interrogation sur soi-même.
Entre réflexions philosophiques, portraits et émerveillements, Jean-Christophe Rufin nous fait vivre son Chemin pour notre plus grand plaisir.
"C'est à ce moment, au creux de la détresse, qu'il devient le plus tentant de se raccrocher à la dimension religieuse du pélerinage. A vrai dire, on l'avait presque oubliée, en tout cas sur le Chemin du nord où circulent peu de pélerins, tant l'atmosphère générale est profane et tant il est rare que quiconque aborde ce sujet. Cependant, quand les fraîches évocations du début se sont taries, quant on a échoué à discipliner sa pensée en lui assignant des objectifs sérieux, quand en somme, le vide menance et, avec lui, le triomphe de l'ennui et des petits embarras du corps, la spiritualité apparaît comme une planche de salut. Elle a, sur la pensée profane, le grand avantage d'être soutenur par les multiples références religieuses qu'offre le paysage, pour peu qu'on veuille bien y prêter attention."