Quelle est donc cette fleur sur laquelle Dame Reinette veille attentivement ?
Que sont ces feuilles d'un vert tendre qui ne tarderont pas à régaler quelques gourmets ?
Certains d'entre vous auront peut-être reconnu le cresson.
Nous étions ce matin chaleureusement accueillis par Franck Bonvallet, cressiculteur de père en fils depuis près d'un siècle, à Bresles, dans l'Oise.
Franck avec enthousiasme nous a parlé de son métier, de son goût pour cet espace de liberté mais une liberté qui a un prix : celui de l'effort. "Tombé dans le cresson" dès le plus jeune âge, Franck a très tôt suivi ses grands-parents et ses parents pour prêter main forte, mais comme souvent dans ces cas là, il n'a pas souhaité s'engager dans la filière cresson.
C'est lorsqu'il s'est retrouvé chez Renault qu'il a mesuré combien sa petite ville et les cressonnières lui manquaient. Il est donc tout naturellement revenu travailler en famille et exploite seul aujourd'hui les cressonnières de ses ancêtres.
Le travail se fait sans mécanisation. Toute l'année, Franck veille sur ses fosses alimentées par des puits artésiens. Les graines sont récoltées et séchées afin d'être ressemées à la volée en mars et juillet. Pendant la germination, le niveau d'eau est bas afin que les racines puissent s'ancrer dans le sol, il sera progressivement remonté, il faudra deux mois environ avant la première récolte.
La qualité de l'eau est surveillée par les instances officielles.
En toute saison et par tous les temps, Franck Bonvallet entretient ses cressonnières et quand vient l'heure de la récolte, c'est encore à la main qu'il travaille pour constituer les bottes qu'il ira livrer chez un mandataire à Rungis.
En attendant de partir, le cresson est stocké dans des caisses immergées mais il n'y reste pas longtemps.
Entouré de silence, et de la vie qui foisonne dans ces espaces naturels, Franck est un passionné comme il fait bon en croiser.
Il vous dira que sa préférence va au cresson cru en salade arrosé de jus de viande, mais ce gourmet doit savoir agrémenter de nombreux plats, y compris de poisson, de cette plante au goût poivré.
En ce qui nous concerne, nous nous sommes régalés de bien des manières !
Un très grand merci à Franck de nous avoir fait découvrir son métier et son environnement dont il parle avec d'autant plus d'enthousiasme qu'il ne sont plus nombreux dans ce coin de Picardie à cultiver le cresson.
Souhaitons que ses enfants auront été piqués par ce goût de la liberté, et bravo à ces passionnés qui n'ont pas peur d'un travail difficile.