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Les musardises de ParisiAnne

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Culture, littérature et découvertes. © Les musardises de ParisiAnne


Patrick Modiano, Rue des Boutiques obscures - Goncourt 1978

Publié par Parisianne sur 23 Avril 2020, 21:49pm

Catégories : #Lecture, #Goncourt

Patrick Modiano, Rue des Boutiques obscures - Goncourt 1978

Le Goncourt a ceci de commun avec le Nobel que lorsque le nom d'un écrivain revient régulièrement dans sa sélection, d'année en année, un jour ou l'autre, il finit par décrocher la timbale. Cela témoigne aussi de la permanence d'un goût chez les jurés, sur la durée, et de leur faculté d'enregistrer les promesses d'un jeune écrivain repéré dès sa naissance à la littérature.

Pierre Assouline, Du côté de chez Drouant

Dernièrement à propos de Romain Gary, ou plus précisément d'Emile Ajar, je vous disais que La Vie devant soi avait remporté le Prix Goncourt devant Didier Decoin et Patrick Modiano. Decoin l'emportera l'année suivante, et c'est Modiano que nous retrouverons en 1978, Rue des boutiques obscures l'emporte au 3e tour de scrutin face à Jean-Didier Wolfromm candidat pour Diane Lanster, et Georges Perec pour La vie mode d'emploi.

Fait exceptionnel, Patrick Modiano obtient le prix pour son 6e roman mais l'ensemble de son oeuvre est salué par le jury.

Une impression m'a traversé, comme ces lambeaux de rêve fugitifs que vous essayez de saisir au réveil pour reconstituer le rêve entier.

Dans ce roman comme dans beaucoup des livres de Modiano, nous suivons un narrateur en quête d'identité, la sienne dans le cas présent. Paris est le décor, et le flou est total, comme souvent pourriez-vous me dire. C'est vrai mais c'est Modiano ! 

Je crois qu'on entent encore dans les entrées d'immeubles l'écho des pas de ceux qui avaient l'habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l'on capte si l'on est attentif.

Guy Roland, qui travaille pour un détective privé, part en quête de lui-même. Ce nom qui est aujourd'hui le sien n'est en réalité qu'un nom d'adoption, il peut être Freddie Howard de Luz, ou Pedro McEvoy, il n'en a aucune idée et marche dans les pas de l'un et de l'autre, cherchant à rattraper le fil cassé. Et nous le suivons simplement dans les rues sombres de sa mémoire, ne demandant qu'à croire avec lui qu'enfin quelqu'un le reconnaîtra et lui offrira de savoir qui il est réellement. Un pur Modiano, comme je les aime !

Une petite-fille rentre de la plage, au crépuscule, avec sa mère. Elle pleure pour rien, parce qu'elle aurait voulu continuer de jouer. Elle s'éloigne. Elle a déjà tourné le coin de la rue, et nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant ?

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